Juvinas

Article paru en janvier 2018
Mis en ligne en juillet 2023

Petit village tranquille.
 

À peine sous le col du même nom, le petit village de Juvinas disperse ses maisons au gré des hameaux plantés dans les pentes. Ici, le temps semble s’être suspendu. Pas tout à fait une place de village pour se retrouver et pourtant la vie est bien là, toute intérieure.

Séparant les vallées de la Besorgues et de la Bourges, le col de Juvinas offre ses doux lacets à celles et ceux qui les empruntent. Sur chaque versant de ce col et des montagnes de Déruge et de Sainte-Marguerite, entre prairies et châtaigniers, parfois quelques landes, les neuf hameaux de la commune ponctuent le paysage. Les maisons se collent à la pente et se font discrètes. Ici la pierre et la tuile romaine règnent et se dorent au soleil.
 
À l’orient, avant les dernières pentes du col, les quelques maisons du bourg se rassemblent autour de l’église de style roman. Certaines maisons gardent les traces d’une histoire ancienne qui remonte jusqu’au XVIIe siècle. La petite route du col se faufile entre les maisons et s’arrête un instant devant l’église Saint-Vincent et son portail classique. Cet édifice religieux fut agrandi en 1857 afin de pouvoir accueillir l’ensemble des fidèles, les dimanches et les jours de fêtes ou de funérailles.
 
À chaque détour du village, la vue porte loin et d’une manière privilégiée sur l’imposant volcan d’Aizac. En arpentant les ruelles et les escaliers du village, on ne quitte jamais vraiment la nature. Le charme opère. Comme une invitation à la promenade, les châtaigneraies nous attirent et la randonnée est agréable. Depuis le village, un petit sentier balisé passe par le hameau des Champeaux et gagne le sommet de la Montagne Sainte-Marguerite et sa chapelle. Cette dernière fut rebâtie sous les ordres du curé de Juvinas, puis encore agrandie en 1854 pour accueillir les pèlerins y montant chaque année le premier dimanche de septembre. Ce n’est que dans les années soixante qu’une piste fut aménagée sur la montagne afin de pouvoir y installer, contre la chapelle, un émetteur de télévision rayonnant sur l’ensemble des vallées alentours… Un panorama à 360° à couper le souffle. Par temps clair, la montagne du Tanargue se dévoile, massive, le Mont Ventoux, le col de l’Escrinet et plus loin les Alpes blanches. Si à pied, le sommet se gagne depuis Juvinas, en voiture il convient de partir de Chirols.
 
À l’écart des grands axes de circulation, Juvinas reste méconnu. Pourtant, les anciens se souviendront, son nom fut tiré de l’anonymat le temps d’un événement rarissime : la chute d’une météorite, plus exactement d’un aérolithe. Le 15 juin 1821, les habitants du hameau de Libonès et plus largement des environs crurent la fin du Monde arrivée. En début d’après-midi, l’objet céleste entra en contact avec la Terre, en ce petit coin d’Ardèche. Le rapport de l’époque évoque la chute d’une boule de feu et de puissantes explosions qui s’entendirent jusqu’à Aubenas. Pesant une centaine de kilos, le choc fut extrêmement violent. L’objet en question ou du moins ce qu’il en reste, est conservé au Museum d’histoire naturel à Paris, mais peut-être en y regardant de plus près….quelques éclats sont-ils encore sur place.
 
Quelques jours, quelques mois peut être, de célébrité, juste un nom dans des rapports et sur une étiquette dans cette célèbre institution, et Juvinas retrouva son calme que plus rien ne vient troubler. Mais il faut prendre le temps pour y aller, et entre les vieilles pierres, puis jusqu’au sommet de la Montagne Sainte-Marguerite, pour passer une journée inoubliable.
 
On avait prévu le pique-nique…

Texte et clichés : Bruno Auboiron