L'histoire a commencé en 1680. Julien Gineste Delille, (ou De Lisle), ancien gendarme de la garde de Louis XIV s'est retiré au hameau de Montredon à Lablachère où il exerce la médecine. On raconte que, sorti seul, au cours d'une promenade à cheval, dans la garrigue, il fait une chute accidentelle et se retrouve coincé sous sa monture, enferré dans les étriers. Loin de toute habitation, n'espérant aucun secours, il invoque la Vierge. Dans sa prière il promet à la Sainte Dame de lui bâtir une chapelle, en ce lieu même, s'il parvint à se tirer de cette mortelle situation. Mais, dès lors qu’il fut sorti d'affaire, il oublia sa promesse. L'année suivante, lors d'une sortie à cheval, il fait pareille chute... au même endroit. Une fois encore il invoque la Bonne Mère et recouvre la liberté, sain et sauf. L'ancien soldat décide enfin d'honorer sa promesse et fait ériger à l'endroit dit, une petite chapelle au quartier devenu aujourd'hui "Notre Dame ". Dans le modeste édifice de l'époque, il place une statue de la vierge, rapportée d'un voyage à Paris en 1682. Le vocable prend naturellement le nom de " Bon Secours ". Son histoire se répand parmi la population locale et la rumeur de l'événement miraculeux ramène de toutes parts des pèlerins qui se pressent à la chapelle, devenue lieu de dévotion.
La rumeur grandissante, les pèlerins sont de plus en plus nombreux à venir à la chapelle. Bientôt le modeste édifice de 16 m2 ne suffit plus à contenir la foule des priants. L'évêque de Viviers nomme alors l'abbé Riffard (ou Richard) le chargeant d'agrandir la chapelle et d’y construire autour, un domaine donnant ainsi naissance au hameau de Notre Dame.
Après les années tumultueuses de la Révolution française pendant laquelle l'édifice religieux est fermé, c'est en 1845, profitant du nouveau régime, que le père Boissin décide de la rénovation du bâtiment. Une nouvelle chapelle voit le jour, bâtie sur les fondations de la première. Peu à peu des ordres religieux s'installent à proximité ; d'abord des frères qui dirigent l'école, puis des Carmélites. L'année suivante, l'ordre des "Oblats de Marie" nouvellement créé entreprend de grands travaux conduisant à la naissance de la basilique actuelle. Ses membres achèvent le cœur et installent le clocher où domine une statue de la Sainte Mère, identique à celle reproduite sur la médaille miraculeuse (suite aux évènements de 1830, qui eurent lieu rue du Bac à Paris). Du haut du clocher, la Sainte Mère, tournant le dos au sinistre bois de Bourbouillet, lieu d'incantations païennes, semble contempler la plaine fertile et les monts d'Ardèche.
Eugène de Mazenod, évêque de Marseille, fondateur de l'ordre des Oblats de Marie consacre l'église en Août 1880, en présence de plus de 20.000 personnes. Au cours de cette cérémonie la statue primitive est couronnée d'un bijou acquis par souscription. L'église est élevée au rang de Basilique le 14 Août 1930. Dans cette belle construction où de puissantes voûtes sont supportées par d'élégantes arches gothiques, la pièce majeure demeure dans le cœur de l'édifice. Là se trouve l'authentique statue en bois de la vierge, celle-là même qui fut déposée dans la première chapelle par Julien Gineste en 1680. On attribue à cette vierge de nombreux bienfaits, notamment des guérisons, comme en témoigne l'imposante collection d'ex-voto qui tapissent les piliers de la basilique, sur toute leur hauteur. Aujourd'hui les pèlerins ne viennent en nombre qu'à l'occasion des grandes cérémonies religieuses. Mais chaque jour, les portes ouvertes de la basilique accueillent discrètement des visiteurs anonymes qui viennent en silence se recueillir aux pieds de la vénérable statue.