Dompnac

Le nom du village, qui s'orthographiait autrefois "Domnac" et dont l'étymologie issue de la civilisation Romaine s'est perdue dans le temps, est un petit village aux toits de lauzes. Les maisons de schiste et de granit l'habillent d'un cachet typique du style cévenol. Au centre du bourg, l'église est connue sous le vocable "Marie-Madeleine". Ce patronage, habituellement réservé aux églises de Provence, héritières des Saintes-Maries de la Mer, peut surprendre ici. L'origine d'une telle appellation est aujourd'hui encore un mystère. L'intérieur de l'édifice qui a été récemment restauré, nous fait repérer des crépis aux teintes claires inondant la nef d’une étonnante clarté. Sur l'un des piliers, une simple clé, soigneusement placée dans un sous-verre, attire l'attention. Cet objet d'usage courant n'est pourtant ni un symbole chrétien (hormis les clés du trousseau de Saint Pierre permettant l'ouverture des portes du Paradis) ni une représentation particulièrement profane. De fait, chacun s'interroge sur l'origine de cette clé ainsi pendue, dans l'église. Certains se rappellent qu'il s'agit de la clé provenant de l'ancienne porte de l'église remplacée, il y a une trentaine d'années, mais la mémoire collective a gommé la genèse de l'histoire. L'énigme demeure donc.

La richesse incontestable de ce petit village ardéchois réside dans la multitude de ses hameaux dispersés sur les pentes Cévenoles, autour du bourg principal: Pourcharesse, Nouzaret, Le Favre, le Soulier, Merle, Granzial,  Le Fraïsse... Ainsi parsemés et se ressemblant comme des frères, tout en affichant leurs propres identités, dix petits villages sont nés au gré de l'histoire des hommes. Au hameau du Chambon, à Merle et La Champ de Merle, des fours à pain aux gueules brûlées, toujours en activité, rappellent un passé encore proche. Au Chambon, à quelques centaines de mètres à peine du chef-lieu, un jardin extraordinaire accueille gracieusement les visiteurs. Ce coin vraiment charmant dénommé "le clos du Pioule "(du nom du ruisseau voisin) est l'œuvre de Nicole Jallat-Lerulei. Dans cet endroit magique où des sculptures improvisées côtoient les fleurs, nous croisons une cigogne faite de bois semblant courir sous l'ombrage clairsemé des bambous noirs venus d'Anduze. Plus loin, un jardinier immobile surveille l'étang où quelques poissons rouges font risette aux statues impassibles. Sous le soleil du printemps, un feu d'artifice de couleurs jaillissant des parterres fleuris offre une palette faite des lys, clématites, roses et autres glaïeuls. Suivant notre périple, au bout d'une calade, se dresse une dernière maison réalisée dans le plus authentique style cévenol. La toiture de lauzes repose sur un lit de terre, ce qui en assure une meilleure isolation. Le faîtage, réalisé en "lauzes papillon", semble se découper en dentelles sur le ciel d'azur. Chaque dalle maintenue par une simple encoche est un défi aux rafles du vent.

De hameaux en collines, le "sentier des Lauzes" trace une randonnée en boucle de 15 km où l'ascension jusqu'à la chapelle Saint Régis permet d'accéder ensuite au "Belvédère des Lichens". À l’arrivée, le panorama grandiose qui s'ouvre sur la vallée de la Sueille est impressionnant. Au-dessus des serres rocheuses qui déchirent le ciel plane un circaète. Tout au long du parcours, gîtes et tables d'hôte offrent des haltes salutaires tandis que les eaux pures échappées des sources voûtées chantent des refrains bien connus, en Ardèche.
Dompnac est peut être à lui seul, l'image d'une autre Ardèche, celle du pays cévenol. Dans le calme, la douceur et l'on peut le dire… dans la discrétion.