Cruas

Article paru en juin 2016
Mis en ligne en juillet 2022

À propos de Cruas, les premières images, qui viennent à l’esprit pour les Ardéchois, sont le centre nucléaire et parfois la cimenterie. Mais sous ce voile peu valorisant, les ruines du château, la cité médiévale, l’abbatiale et même plus moderne, le port de plaisance sont des atouts magnifiques rendant cette petite rhodanienne fort attachante.

Quand on arrive par la grande route longeant le Rhône en rive droite, les hauts murs du château de Cruas avec à ses pieds la cité médiévale, descendant en cascade jusqu’à la ville nouvelle, se distinguent de loin. Et lorsque les pierres blanches s’illuminent aux premiers rayons du soleil, on tombe inévitablement sous le charme.
Aménagé en 2007, ce port est une halte conviviale et parfaitement équipée sur un Rhône de plus en plus fréquenté. Il est séparé du fleuve par une digue ménageant une frayère, pour les poissons, sur ce bras mort. Le port est une jolie porte d’entrée sur la ville qui se développe au fond de la vallée et qui autrefois grimpait jusque sur la première butte calcaire. Au Moyen Âge, périodes troublées obligeant, les habitants de Cruas trouvaient refuge entre les murs épais de la cité. Depuis, la ville a perdu de l’altitude et la vie se déroule de part et d’autre de la grande route.

L’origine de Cruas se trouve autour de son abbaye édifiée au bord de l’antique voie romaine. Très brièvement, l’abbaye fortifiée fut fondée au début du IXe siècle et fut supprimée par l’évêque de Viviers au XVIIIe siècle. En contrebas, un haut escalier permet d’en rejoindre la porte principale. Aujourd’hui, l’abbatiale romane des XIe et XIIe siècles se dresse sur des vestiges plus anciens de l’époque carolingienne. Cet édifice primaire fut l’œuvre de moines bénédictins. Quant à l’abbatiale actuelle, elle fut consacrée par le pape Urbain II, celui-là même qui prêcha la première croisade à Clermont-Ferrand, en 1095. Dans la pénombre de l’édifice, se trouvent d'admirables richesses architecturales uniques, comme la tribune monastique datant du XIIe siècle et dont il n’existe qu’un autre modèle de ce type en France… En contrebas, une crypte abritait les reliques de Saint Torquat et de Saint Josserand que les fidèles pouvaient venir saluer sans troubler l'office. Ce lieu ne se visite plus que sur réservation.

À la fin du XVIe siècle, les troubles de la guerre civile incitèrent les moines à se retirer au château abbatial, sur la colline. Ce château du XIVe siècle avec sa petite chapelle érigée deux siècles auparavant, n’a jamais connu de seigneurs, que les moines qui le bâtirent pour se mettre à l’abri des caprices du torrent voisin. Plusieurs siècles d’ajouts architecturaux furent nécessaires pour arriver à l’aspect actuel de la forteresse, mais les guerres de religion eurent raison de tous ces édifices. Ces ruines majestueuses se dressent fièrement au-dessus du village.

Si Cruas possède un passé riche, aujourd'hui le village est au cœur d’une terre d’industrie. Grâce aux collines calcaires à l’arrière de la ville, les cimentiers ont trouvé là, une matière première semblant inépuisable. Le ciment était déjà connu dans l’Antiquité, et remis au goût du jour, au début XIXe siècle, avec les travaux de Louis Vicat,  Cruas va connaître un développement industriel hors normes dès 1850.
Ses carrières de calcaire pur vont permettre le développement du ciment blanc et de nombreux fours à chaux en ruine depuis, se déploient le long de la petite route sinueuse en direction de Saint-Vincent-de-Barrès. Aujourd'hui, les cimenteries sont toujours très actives… Sanctionnant cette orientation industrielle, la centrale nucléaire de Cruas-Meysse utilise l’eau du Rhône pour refroidir ses réacteurs. Elle fournit chaque année 5% de la production nationale, 40% des besoins de la région Rhône-Alpes et emploie mille deux cent cinquante personnes.
Cruas, avec ses deux mille huit cents habitants, est également une terre de culture. Le nouvel espace culturel Louis Aragon en témoigne, tout comme le centre d'art et d'histoire André Auclair. Ce dernier est le musée municipal de la ville de Cruas inauguré en 1987 afin de perpétuer la mémoire du peintre graveur et céramiste, André Auclair. La grande majorité de ses œuvres sont exposées, et une vitrine temporaire offre un espace de choix aux artistes locaux. Une salle évoque l'histoire de la fabrication de la chaux, une autre est dédiée aux sports…
En savoir plus

www.ot-cruas.fr

Port de Cruas - capitainerie
04 75 96 48 79
capitaineriecruas@orange.fr

Centre d'art et d'histoire André Auclair
04 75 49 59 21
Entrée libre.
Texte et clichés : Bruno Auboiron