Chomérac

Article paru en avril 2015
Mis en ligne en juillet 2022

Entre Privas et vallée du Rhône, la petite cité de Chomérac est ancrée au cœur d’une vallée fertile qu’elle domine depuis son modeste éperon rocheux. Entre des conflits et des temps de paix, l’économie rurale s’y est développée et consolidée.
 

Le site d’implantation de Chomérac, sur cet éperon rocheux façonné par les caprices de la petite rivière la Vérone et dominant la vallée de la Payre et la plaine s’ouvrant vers la vallée du Rhône, est occupé depuis fort longtemps. Des bases de villae et les traces d’une voie pavée constituent les vestiges de l’occupation romaine. Les hommes trouvèrent là, entre le vaste massif volcanique du Coiron au sud et le plateau des Grads au nord, un lieu idéal pour développer des activités agricoles et industrielles permettant à sa population de vivre et de croître.                                                                                                                                                                                              

Ce que l’on sait moins
C’est ici que fut érigée la première usine à soie de notre département. Elle est l’œuvre de la famille Deydier, qui se distingua à partir du XVIIe siècle dans le développement de la filature et du moulinage, à Chomérac tout d’abord, puis tout autour d’Aubenas. Vaucanson, nommé en 1741 inspecteur des manufactures de soie avec la confiance de Louis XV, trouva en Henri Deydier l'homme idéal pour appliquer ses idées et ses méthodes. Ainsi, le 5 septembre 1752, un arrêt du Conseil d'État du Roi définit la création de la Manufacture Royale de la soie. Plus tard, Josué Chabert, né à Joyeuse et pourtant parti du bas de l’échelle sociale du monde du moulinage, contrôlait une quinzaine de fabriques pour moitié sur Chomérac. Cet homme entreprenant gérait son ‘’empire’’ depuis le prestigieux site de Champ-la-Lioure à Chomérac, où il mourut en 1886. De cette intense activité autour de la soie naquit une grande richesse patrimoniale dont le témoignage se retrouve dans les calades du quartier du château avec ses bâtiments industriels, transformés aujourd’hui. Pour faire vivre ses filatures, l’eau était indispensable. L’aqueduc de la Neuve autrefois canalisait l'eau de la Payre à l'aide d'une roue à aubes jusqu'à l’une de ces filatures. Il est encore visible aujourd’hui, à la sortie du village sur votre droite, en direction de la vallée du Rhône.
L’autre richesse du secteur était les carrières de marbre blanc exploitées sur le territoire, mais aussi sur celle de sa voisine Alissas. On retrouve cette pierre dans les encadrements des menuiseries des maisons blotties du quartier du vieux château. D’ailleurs, leur blancheur tranche avec la noirceur minérale des murs. À l’ouest du village, neuf carrières furent ouvertes à la Vialatte puis à Baumas. Leur première exploitation pourrait remonter à l’époque romaine, mais il est certain qu’elles le furent au Moyen Âge. Toutefois c’est au XIXe siècle que cette exploitation connut son point d’orgue, en partie grâce à la création de la voie ferrée reliant Privas à la vallée du Rhône. Cent cinquante carriers œuvraient alors sur les différents sites. À ce propos, on peut lire cette description : « La vie des ouvriers-carriers était particulièrement dure au XIXe siècle. L'extraction et le transport exigeaient des efforts considérables. Après la création de la voie ferrée, les blocs furent transportés sur des charrettes traînées par des chevaux jusqu'à la gare, soulevant des nuages de poussière dans le village. On sait que des Italiens, milanais précisément, travaillaient sur le chantier et qu'il y eut longtemps un village de carriers sur une colline. » Au début du XXe siècle s’amorça le déclin des carrières. Elles seront même fermées temporairement avant une reprise de l’activité avec des techniques d'extraction plus modernes. En 1965, elles ne comptent plus que sept ouvriers et ferment définitivement, en 1977. Aujourd’hui, elles sont aménagées pour la pratique de l’escalade… Mais on trouve la trace des pierres de Chomérac sur l’évêché de Viviers, les fontaines monumentales de Valence et de Montélimar, l’église et le viaduc du Charalon à Privas.

Quand la religion fut en conflit
Bien avant cette prospérité, Chomérac connut les affres des guerres de religion. Les combats y firent rage et marquèrent profondément la vie du village. En 1621, Chomérac était la possession du très catholique duc de Ventadour. Rapidement assiégé, il passa aux mains du protestant monsieur de Blacons. L'acte de reddition fut signé le 14 octobre 1621, au profit de Blacons et de Chaylus, chefs de guerre huguenots. L’histoire n’allait pas s’arrêter là, puisque chacune son tour, les deux parties reprirent possession de Chomérac, six fois au total, jusqu'au siège de 1628, au cours duquel les catholiques prennent définitivement le dessus sur les Huguenots, favorisant ainsi l’issue du siège de Privas de 1629 par Louis XIII et Richelieu. Il est à noter qu’au centre des carrières de marbre l’entrée de la grotte de Tourange fut sommairement fortifiée pendant les guerres de religion et qu’elle abrita successivement protestants et catholiques lors des assauts répétés contre le village. Cette grotte est bien connue des spéléologues locaux, nous a-t-on assurés.

La promenade au hasard des rues et des places du village et aux alentours, ponctuée d’une agréable pause au cœur du théâtre de verdure, nous mène à la découverte de l’église érigée au XIXe siècle, la chapelle et le château de Champ-la-Lioure, du temple inauguré en 1837, de l’hôtel de ville, ancien hôtel particulier de la famille Grel dont la salle des mariages renferme des toiles du peintre Claude Joseph Vernet, du château du Bijou construit au XVIIe siècle par le marquis de Gerlande, de l’ancien château fort du Bois et des vestiges des anciennes fortifications et du château de Mauras… Nous vous conseillons cette balade riche d’un patrimoine inimitable, en prenant le temps de le découvrir au rythme d’une marche.

 
Marcher, galoper, rouler…
Pour répondre à une demande des passionnés de la randonnée pédestre, équestre et cycliste, et tout à la fois pour assurer la mise en valeur du patrimoine culturel et paysager, il a été mis en place, un maillage d’itinéraires balisés et entretenus. Si bien sûr cette initiative facilite l’accès des randonneurs au territoire, il permet aussi de garder praticables les chemins ruraux en leur offrant une réelle utilité. Rassemblant vingt itinéraires balisés, un topoguide est édité par la Communauté de communes de Privas Rhône-Vallée. Les communes concernées sont : Chomérac bien sûr, mais aussi Alissas, Coux, Creysseilles, Flaviac, Freyssenet, Lyas, Pourchères, Le Pouzin, Privas, Rochessauve, Rompon, Saint-Cierge-la-Serre, Saint-Julien-en-Saint-Alban, Saint-Priest et Veyras.
CdC - Rue Serre du Serret
07000 Privas- 04 75 64 07 07
Adresse
Mairie, rue de la République
07210 Chomérac
04 75 65 10 53
www.chomerac.fr
 
Texte et clichés : Bruno Auboiron