Borée

De Borée, on connaît la violine de Borée, une pomme de terre nous ramenant à des considérations très terre à terre et dont l’école du village cultive quelques pieds dans un bac au cœur du village ; le Tchier de Borée, un ensemble unique de pierres gravées récemment et quelque peu ésotérique et symbolisant un calendrier de soixante-dix modestes mégalithes. Mais Borée est avant tout un village blotti, ramassé sur lui-même, au plus haut des montagnes volcaniques du plateau ardéchois. Borée vit et respire au pays des sucs, sous la domination immédiate du Mont-Mézenc à plus de mille sept cents mètres d’altitude, montagne paisible, véritable barrière naturelle fixant le partage des eaux entre l’océan Atlantique et la mer Méditerranée et du suc de Sarra à plus de mille cinq cents mètres. Mais Borée, c’est aussi le pays du Vent. Si on en croit la légende, le nom Borée viendrait donc de celui du Dieu du vent du nord, fils de la divinité céleste Astreos et d'Eos. Une autre hypothèse avance l’explication suivante : Borée viendrait du gaulois "bor" devenu "boreta" de l'ancien provençal "borsa" qui veut dire " Vase des Fossés " et du suffixe " Eta " qui veut dire région des Bois, donc " Vase des Fossés des Bois ".

Mais quelle que soit l’origine de son nom, Borée reste un village charmant d’où la vue fuit vers l’horizon avec toujours une surprise au bout du regard. Occupant un emplacement modeste tout contre le relief des montagnes dont le Mont Mézenc, point culminant de l’Ardèche au détriment du Gerbier des Joncs que l’on prend trop souvent pour le point le plus haut de notre département, le village rassemble ses maisons autour de son église étonnante. Sa façade polychrome est constituée de pierres d’origine variée : tuf jaune, granit, trachyte et scorie rouge. L’édifice initial date du XVe siècle et son allure d’aujourd’hui date de sa reconstruction au XIXe siècle. Entre ses murs, elle abrite la statue de la Vierge noire du Genestoux, trônant au-dessus de l’autel. De la place centrale, quelques rues partent en étoile, bordées par des maisons toutes en pierres volcaniques recouvertes de toitures en lauzes. Ici règne l’authenticité architecturale des villages de montagne. Rien d’extraordinaire concernant l’histoire de Borée à travers les siècles. On en parle dès le XIe siècle, mais il faut attendre le 10 mai 1856 pour que la section de Borée devienne commune sous le nom de La Rochette.

Mais bien vite la nature prend la place des maisons. Les sites naturels sont riches autour du village. Le cirque des Boutières s’est rendu célèbre par la fréquentation de ses marmottes. Le dolmen des Beaumes à Échamps, la croix de Borée ou encore les sources des Molines, sans oublier les cours torrentiels des deux ruisseaux : l’Eysse et la Sialouse. Le croirez-vous, c’est aussi sur cette terre que croît encore le plus vieux hêtre d’altitude connu en France ! Il serait âgé de quatre cents ans.
La visite du musée de la médecine et de la sorcellerie dévoile les origines mythiques et scientifiques des médecines traditionnelles dans les croyances populaires du fond des temps jusqu’à nos jours. Et plus haut, attirant comme un aimant, le Tchier de Borée, se traduisant par tas de pierres en patois local. Il s’agit d’un cercle monumental représentant un calendrier composé de soixante-dix pierres numérotées et disposées de façon bien précise. Chaque pierre porte un message. Et si pour beaucoup cette œuvre reste relativement incompréhensible, rien n’empêche d’admirer les écritures et les dessins et de se poser là, en silence pour méditer sur la vie ou simplement admirer le paysage du Mont Mézenc avec le village au premier plan. Rappelons que le Tchier de Borée est une œuvre contemporaine des sculpteurs Fabienne Versé et Serge Boyer qui fut inaugurée en mai 2008.
Si cet aménagement atypique attire de nombreux touristes, le village n’en reste pas moins très accroché à ses traditions et vit encore à l’heure de l’agriculture et de l’exploitation forestière. Alors pour retrouver un peu d’authenticité et prendre un grand bol d’air, allez à Borée.