Village perché à découvrir absolument.
Tout en haut, près de l’église, la vue sur les montagnes et les vallées environnantes est superbe. A l’ombre du grand châtaignier, le village d’Asperjoc raconte son histoire, mais pour le rejoindre, ne cherchez pas la direction Asperjoc, non ! Suivez Thieure.
Pourquoi ? Parce que le lieu-dit Asperjoc, n’existe pas. En fait, sous le nom de cette commun, se cachent vingt hameaux étagés au fil des pentes en rive droite de la Volane et gauche de la Besorgues et le long des deux rivières jusqu’à leur confluence. Et c'est tout en haut, au cœur du hameau de Thieure, que se trouve l’église : la vue porte loin et rien n’arrête le vent descendant de la montagne ou remontant les vallées. Le site, au bout d’une petite route qui se meurt à peine plus loin au bord de la pente, est magnifique. Qui a déjà pris la peine de quitter le fond des deux vallées pour aller là-haut ? C'est peut-être la commune la plus méconnue du secteur d’Aubenas. On ne vient pas ici par hasard, il faut le vouloir. Nous vous invitons sincèrement à découvrir Asperjoc !
Asperjoc tire son nom de la combinaison entre "asper" signifiant âpre et " joc" pouvant se traduire par montagne. Et le nom est bien trouvé car les pentes des montagnes ici, ne se livrent pas facilement. L’homme a du se battre pour vivre de cette terre qu’il a gagnée à force de constructions et de bâtis de faïsses et de béalières. La montagne est dure, mais belle. Que l’on aille au sommet de la commune depuis la vallée de la Besorgues ou celle de la Volane, les rochers affleurent entre les châtaigniers, les landes et les rares pâturages. Tout au long des deux routes étroites, la vue se dégage petit à petit sur l’environnement immédiat puis, plus lointain. Et, une fois arrivé en haut, au hameau de Thieure, le panorama est époustouflant.
Montagnes de bien maigre récolte, la commune d’Asperjoc possédait pourtant son four banal où l’on cuisait régulièrement le pain. À six cents mètres d’altitude, cette construction locale en pierres en parfait état côtoie un grand châtaignier face à l’église de style néo roman. La première église du village remonterait au XIIème siècle, mais celle d’aujourd’hui n’est présente que depuis le XIXème. L’histoire avec un grand H n’a pas laissé de traces dans ces montagnes, trop hautes, trop raides, trop à l’écart de tout. Et s’il s’est déroulé quelques anecdotes qui auraient mérité d’être citées, la mémoire collective n’en a pas conservé le témoignage. Ici, les paysans vivaient chichement et ne dérangeaient sans doute personne.
En bas, dans les vallées, les usines de moulinage trouvèrent leur bonheur : l’eau gratuite et présente en abondance servait d’énergie aux usines. Ces moulinages fonctionnèrent longtemps et employaient avec bonheur les habitants des montagnes, puisant en cette industrie un revenu salutaire. Il ne reste aujourd’hui que les vastes bâtiments pour témoigner de cette parenthèse industrielle. L’eau ne faisait pas que la richesse des moulinages, les sources d’eaux minérales furent exploitées et certaines le sont encore. Si la source La Suprème est tombée dans l’oubli, son nom ne subsistant qu’au fronton d’un petit bâtiment en contrebas de la route qui mène à Antraïgues-sur-Volane, la Reine des Basaltes est toujours bien présente non seulement sur les tables locales, mais bien plus loin également. Elle est fort appréciée des connaisseurs pour ses fines bulles et son action en faveur de la digestion. La modeste usine d’embouteillage se trouve au bord de la route au hameau du Raccourci. La Reine des Basaltes est la dernière eau minérale exploitée dans la vallée de la Volane. En 1946, Marius Veyrenc prit l’affaire en main et depuis, elle est toujours dans la même famille. Son fils Daniel a modernisé l’entreprise et l’eau ne trouve sa place qu’en bouteilles en verre. Une éphémère prison après des décennies à goutter de strates en strates, pour se charger d’éléments indispensables à sa qualité et à son goût avant de sourdre à la surface de la terre.
L’eau à Asperjoc, c’est aussi les cascades de la Chaise du Diable. Il se raconte que le seigneur des Enfers se serait assis en ce lieu, un matin, dépité de ne trouver aucune âme à corrompre dans les montagnes alentours. Les habitants d’Asperjoc étaient-ils très pieux à cette époque ou les montagnes étaient-elles désertes ? Ce caprice du volcanisme va de paire avec les coulées basaltiques du Rigaudel. Ainsi au fil des principaux hameaux du village, les richesses se dévoilent : un pont médiéval et une chapelle à Laulagnet, une autre chapelle au Pont-de-Bridou et de belles et magnifiques maisons rurales à La Valette, La Brugière, Le Ranc, Le Nogier, Les Granges, Maroc… N'ignorez pas l’itinéraire de randonnée du belvédère, car c’est à pied que l’on découvre le mieux Asperjoc. Certes cela nécessite d’y consacrer un peu de temps, mais vous aimerez découvrir ce village oublié.