Arboretum de Bois Laville

Article paru en juillet 2015
Mis en ligne en juillet 2022

Véritable poumon vert de la ville de Privas, le site de Bois Laville propose un sentier de découverte magnifiquement illustré et fort riche en informations et un arboretum regroupant un grand nombre d’essences d’arbres. Une demi-journée n’est pas de trop pour découvrir et apprécier le site.

Un peu à l’image du jardin botanique, l’arboretum est tout à la fois un outil scientifique, pédagogique et de loisir. Celui que nous vous faisons découvrir se présente comme tel. Il fut créé en 1993 sur le site d’une ancienne pépinière au cœur de la forêt de Bois Laville et désormais trente essences s’y rencontrent, sanctionnant une adaptation plus ou moins heureuse. À l’entrée de l’arboretum, pour les possesseurs de smartphone, des flash-codes permettent de tout savoir sur les arbres présents. Pour les autres… tant pis.
Et fort heureusement, il n’en est pas de même tout au long du sentier de découverte de Bois Laville, dont l’arboretum est une station parmi toutes celles qui sont proposées. De nombreux panneaux explicatifs livrent des informations sur l’histoire du lieu, des végétaux comme le buis, symbole de l’immortalité chez les Celtes et les Romains, le houx, le pin laricio de Corse, classé ici par les services de la recherche forestière pour son intérêt remarquable, le châtaignier qui avait presque disparu après la dernière glaciation, ou le chêne, le monde souterrain des racines, la gestion de la forêt, l’omniprésence du grès… Bref, en prenant le temps de s’informer, on apprend tout de Bois Laville, le temps d’une balade sous le couvert des arbres, fort appréciable au plus fort de la chaleur estivale.

À l’époque des Gaulois, la forêt de Privas était composée de châtaigniers, de chênes et de pins sylvestre servant aux différents artisanats du bois (charpente, tonnellerie…) et aux tanneries avec l’exploitation de l’écorce des chênes. Plus tard, le Bois Laville, alors nommé Tarnis et dédié à l’exploitation du bois de chauffage, était propriété seigneuriale. En 1827, un Code forestier fut établi pour réguler les coupes de bois. Des gardes forestiers verbalisaient alors les délits de braconnage et de pâturage.

Aujourd’hui, l’Office national des forêts conseille la commune de Privas dans la gestion de cette forêt pour concilier l’exploitation du bois avec l’accueil du public et le respect de la présence d’une certaine biodiversité. Une gestion douce, puisque le relief du terrain impose de privilégier le débardage des billes de bois lors des coupes d’éclaircie, à l’aide de la traction animale plutôt qu’aux engins mécaniques. Toutes les actions entreprises assurent ainsi une gestion durable du site.
Mais tout ne se passe pas qu’au-dessus de la surface du sol. Sous la terre, les racines des arbres jouent aussi un rôle indéniable. Si elles servent à puiser dans la terre les éléments nutritifs indispensables à la croissance de l’arbre, elles servent aussi au maintien du sol de la forêt et luttent contre l’érosion. Elles sont aussi parfois en symbiose avec le mycélium de certains champignons s’apportant mutuellement des éléments nutritifs, mais elles sont aussi parfois en concurrence à l’image des racines du robinier (faux acacia) ou de la callune, sorte de bruyère très présente ici, dont les racines lâchent des toxines dans le dessein de  ralentir ou d'annihiler la croissance d’autres végétaux. Sous la terre, on remarque que la lutte est tout autant impitoyable.

Émaillant l’espace de la forêt entre les arbres, les imposants blocs de grès de Bois Laville sont nés d’un système de dégradation de matériaux issus des roches cristallines de la chaîne de montagnes se dressant ici, il y a trois cents millions d’années et aussi haute que l’Himalaya actuel. Ce grès était très recherché pour la construction et la forêt de Bois Laville recèle de nombreux vestiges de carrières de pierres en exploitation au XIXème siècle.

Bref, c’est toute l’histoire de la forêt de Bois Laville qui nous est contée au fil du chemin sous les arbres, parfois modestes, parfois s’affirmant comme une véritable et fière cathédrale végétale. Le bon chemin qu’il ne faut absolument pas manquer de suivre !
S’y rendre
Depuis la place des Récollets à Privas, on suit le chemin de Ternis pendant un long moment en montée puis à droite le chemin du Haut Ternis. On trouve un parking à l’entrée du bois, avant un grand panneau d’informations.
Le bon chemin en forêt permet à tous de le fréquenter et l’accès au sentier de découverte de Bois Laville et à l’arboretum est libre. Pour mieux apprécier le sentier de découverte, un document de présentation est disponible en mairie à Privas et à Veyras. Il présente les différents thèmes abordés au fil du chemin. Sur environ trois kilomètres, il nécessite une heure de marche, sans tenir compte bien sûr des nombreux arrêts proposés, multipliant alors par trois le temps nécessaire.
Les animaux de Bois Laville
Bien sûr, la grande fréquentation de cette forêt rend les animaux très discrets, mais ils sont bel et bien là et de nombreux indices le prouvent. Parmi les représentants de la faune sauvage, le sanglier marque le territoire de ses fouilles de la terre à la recherche de nourriture. L’écureuil court sur les hauts troncs des pins et le pic épeiche tambourine de son bec sur le bois pour intimider un mâle de son espèce, attirer une femelle ou d’extraire des larves du bois mort… Enfin, le chevreuil s’ébat dans les clairières et les zones aérées de la forêt. En revanche, il cause quelques dégâts à l’arboretum en frottant ses bois, en mangeant des jeunes pousses et en imitant le combat à la période du rut en cognant ses bois contre les arbres. Pour limiter les effets néfastes de cet animal sur les jeunes plants de l’arboretum, un répulsif composé d’extraits odorants d’animaux et de goudrons végétaux est déposé sur certains troncs.

Les essences de l’arboretum
Alisier blanc, alisier torminal, aulne à feuilles en cœur, bouleau verruqueux, cèdre de l’Atlas, charme houblon, chêne chevelu, chêne pédonculé, chêne rouge d’Amérique, chêne sessile, copalme, cormier, érable champêtre, érable à feuilles d’obier, érable plane, érable sycomore, frêne à fleur, genévrier commun, hêtre, merisier, micocoulier, pin maritime, poirier commun, robinier faux-acacia, sapin d’Andalousie, sapin de Céphalonie, séquoia géant, sapin de Nordman, tilleul à petites feuilles, tulipier de Virginie.
Texte et clichés : Bruno Auboiron