Un peu à l’image du jardin botanique, l’arboretum est tout à la fois un outil scientifique, pédagogique et de loisir. Celui que nous vous faisons découvrir se présente comme tel. Il fut créé en 1993 sur le site d’une ancienne pépinière au cœur de la forêt de Bois Laville et désormais trente essences s’y rencontrent, sanctionnant une adaptation plus ou moins heureuse. À l’entrée de l’arboretum, pour les possesseurs de smartphone, des flash-codes permettent de tout savoir sur les arbres présents. Pour les autres… tant pis.
Et fort heureusement, il n’en est pas de même tout au long du sentier de découverte de Bois Laville, dont l’arboretum est une station parmi toutes celles qui sont proposées. De nombreux panneaux explicatifs livrent des informations sur l’histoire du lieu, des végétaux comme le buis, symbole de l’immortalité chez les Celtes et les Romains, le houx, le pin laricio de Corse, classé ici par les services de la recherche forestière pour son intérêt remarquable, le châtaignier qui avait presque disparu après la dernière glaciation, ou le chêne, le monde souterrain des racines, la gestion de la forêt, l’omniprésence du grès… Bref, en prenant le temps de s’informer, on apprend tout de Bois Laville, le temps d’une balade sous le couvert des arbres, fort appréciable au plus fort de la chaleur estivale.
À l’époque des Gaulois, la forêt de Privas était composée de châtaigniers, de chênes et de pins sylvestre servant aux différents artisanats du bois (charpente, tonnellerie…) et aux tanneries avec l’exploitation de l’écorce des chênes. Plus tard, le Bois Laville, alors nommé Tarnis et dédié à l’exploitation du bois de chauffage, était propriété seigneuriale. En 1827, un Code forestier fut établi pour réguler les coupes de bois. Des gardes forestiers verbalisaient alors les délits de braconnage et de pâturage.
Aujourd’hui, l’Office national des forêts conseille la commune de Privas dans la gestion de cette forêt pour concilier l’exploitation du bois avec l’accueil du public et le respect de la présence d’une certaine biodiversité. Une gestion douce, puisque le relief du terrain impose de privilégier le débardage des billes de bois lors des coupes d’éclaircie, à l’aide de la traction animale plutôt qu’aux engins mécaniques. Toutes les actions entreprises assurent ainsi une gestion durable du site.
Mais tout ne se passe pas qu’au-dessus de la surface du sol. Sous la terre, les racines des arbres jouent aussi un rôle indéniable. Si elles servent à puiser dans la terre les éléments nutritifs indispensables à la croissance de l’arbre, elles servent aussi au maintien du sol de la forêt et luttent contre l’érosion. Elles sont aussi parfois en symbiose avec le mycélium de certains champignons s’apportant mutuellement des éléments nutritifs, mais elles sont aussi parfois en concurrence à l’image des racines du robinier (faux acacia) ou de la callune, sorte de bruyère très présente ici, dont les racines lâchent des toxines dans le dessein de ralentir ou d'annihiler la croissance d’autres végétaux. Sous la terre, on remarque que la lutte est tout autant impitoyable.
Émaillant l’espace de la forêt entre les arbres, les imposants blocs de grès de Bois Laville sont nés d’un système de dégradation de matériaux issus des roches cristallines de la chaîne de montagnes se dressant ici, il y a trois cents millions d’années et aussi haute que l’Himalaya actuel. Ce grès était très recherché pour la construction et la forêt de Bois Laville recèle de nombreux vestiges de carrières de pierres en exploitation au XIXème siècle.
Bref, c’est toute l’histoire de la forêt de Bois Laville qui nous est contée au fil du chemin sous les arbres, parfois modestes, parfois s’affirmant comme une véritable et fière cathédrale végétale. Le bon chemin qu’il ne faut absolument pas manquer de suivre !