Unique en France
La renommée du Palais des Évêques au cœur de Bourg-Saint-Andéol n’est plus à faire. Neuf siècles d’histoire se sont développés sur ce site depuis le château primitif jusqu’à ce magnifique édifice fortement influencé par les caractéristiques architecturales du XVIe siècle. Le Palais des Évêques, baptisé ainsi par Nicole et Jacques Lextreyt ses propriétaires en référence au Palais des Papes d’Avignon, n’est pas un bâtiment religieux ; il est juste l’illustration du pouvoir politique de l’évêque du Vivarais. En effet, au-delà de ses fonctions ecclésiastiques, ce dernier était également baron de Largentière. Le plus célèbre d’entre eux fut sans aucun doute Louis-François de la Baume de Suze. S’installant au palais en 1626, il y resta presque soixante-dix ans, plus que le temps nécessaire pour le faire décorer à son goût.
Soixante-dix ans de règne
Dans les premiers temps du XIIe siècle, les seigneurs de Mondragon possédaient un ensemble défensif sur le rocher Saint-Michel. Un siècle plus tard, ce château devint la propriété de l’évêque de Viviers. Ce n’est que plus d’un siècle plus tard qu’un évêque en fit sa résidence dominant largement le Rhône. Une chapelle privée à la fin du XIVe siècle, une salle d’apparat dite salle des banquets et de vastes cuisines attenantes au milieu du XVe siècle : les travaux transformèrent doucement le château en palais épiscopal avec ses magnifiques façades. Ensuite, Monseigneur Louis-François de la Baume de Suze passa commande à des artistes peintres pour décorer sa chambre et celle où le cardinal Mazarin séjourna. Ces décors somptueux et uniques sont en cours de rafraîchissement.
En 1731, l’évêque de l’époque gagna Viviers et installa entre les murs de son ancienne résidence un petit séminaire. De profonds remaniements intérieurs métamorphosèrent le palais. L’ensemble, saisi comme bien national à la Révolution, retrouva en 1826 sa vocation précédente avant que le petit séminaire ne soit transféré à Aubenas. Les religieuses de la Présentation de Marie en firent alors l’acquisition en 1854 pour ouvrir l’école Saint-Michel qui fermera ses portes en 1998. Deux ans plus tard, les époux Lextreyt prirent les rênes de son indispensable restauration pour redonner son lustre d’antan à ce magnifique bâtiment.
Galerie en trompe l’œil
Déjà deux décennies de travaux et ce n’est pas fini. Dès qu’une pièce retrouve son air du XVIIe siècle, les propriétaires découvrent la richesse d’une autre, des peintures camouflées sous d’anciens enduits par exemple. C’est ainsi qu’ils prirent conscience de l’existence de ce qui était une galerie aux décors incroyables. Elle se cachait tout à côté de la salle des banquets accueillant toujours des réceptions façon XVe siècle. « Pour l’organisation des banquets mon épouse avait besoin d’une pièce de travail supplémentaire, explique Jacques, propriétaire du Palais des Évêques. Quand j’ai commencé à gratter le plafond de cette pièce pour nettoyer l’enduit avant de le blanchir, ma surprise fut totale à l’apparition d’une peinture bleue. Je lui ai dit qu’il allait falloir trouver une autre pièce pour son office. C’était en 2013 et c’est ainsi que tout a démarré. »
Avec la restauration et l’ouverture récente à la visite de la galerie représentant en trompe l’oeil le temple de Salomon, le Palais des Évêques possède désormais une richesse unique en France, un atout supplémentaire pour cet édifice qui n’en manquait pourtant pas. D’ailleurs l’ensemble du bâtiment est classé aux Monuments Historiques depuis 1946 et le plafond de la chambre de l’évêque dans les années soixante-dix. « Quand nous sommes arrivés ici il y a vingt-trois ans, nous connaissions deux plafonds peints du XVIIe siècle, aujourd’hui nous en sommes à sept pièces peintes, se réjouit Jacques. Et il reste sans aucun doute beaucoup à découvrir. »