La médiation scientifique pour tous
Dans les strates du sous-sol, au cœur des couches sédimentaires, l’histoire du monde est emprisonnée dans la pierre. Des végétaux et animaux d’autrefois, il y a si longtemps, ont laissé quelques traces de leur identité perdue. Fougères, ammonites, poulpes, libellules… tant et tant de témoignages retrouvent la lumière du jour grâce à des passionnés audacieux et inspirés tel Bernard Riou dont la collection de fossiles est présentée ici. Quatre cinquièmes des fossiles sont tirés du sol ardéchois, les autres viennent du monde entier pour compléter la lecture de l’exposition permanente, des premières traces de vie bactérienne à l’apparition des premiers hominidés. Comment résumer quatre milliards d’années en une visite ?
La biodiversité du passé
Tous les fossiles ardéchois sont issus de la collection de Bernard Riou. Sa fille, Emmanuelle Bennourine-Riou, précise : « La richesse des fossiles est importante chez nous. Mon papa a découvert la plus ancienne pieuvre connue au monde, la plus ancienne châtaigne d’Ardèche. Ce sont des spécimens d’exception toujours présents au musée qui chaque année se renouvelle avec l’apport de pièces nouvelles venant de la réserve ou de découvertes récentes. »
Un muséum est un musée d’histoire naturelle, sous tous ses aspects. À Balazuc, c’est surtout la paléontologie qui est mise en avant, cette dernière étant considérée comme la description de la biodiversité du passé. C’est un lieu où sont présentées la découverte et la compréhension des sciences de la Terre et de la vie. Mais la vérité d’aujourd’hui n’est pas celle d’hier et ne sera peut-être pas celle de demain. C’est ce que la médiation scientifique nous enseigne au sein du Muséum de l’Ardèche.
Au cours de l’été, des activités sont proposées chaque jour autour de la paléontologie, la nature, la géologie et même l’astronomie. Tout est lié, et la médiation scientifique menée au Muséum le prouve. « Nous voulons sensibiliser aux sciences grâce à une scénographie épurée permettant à chacun de se forger son propre imaginaire face aux beautés de la nature, poursuit Emmanuelle. »
Place aux dinosaures
Depuis l’ouverture du site en 2016, des agrandissements ont été réalisés, telle la galerie aux dinosaures présentant les empreintes d’espèces de pré-dinosauriens dans les roches du Trias à Ucel, Les Vans ou encore Sanilhac, datées de deux cent-vingt millions d’années. Ensuite dans la galerie, au Crétacé et au Jurassique, des casques de réalité virtuelle offrent aux visiteuses et visiteurs la possibilité de nager avec les plésiosaures et autres charmants compagnons de l’époque… Oui, la mer recouvrait l’Ardèche en ces temps lointains.
Mais pour en arriver là, le travail fut long et minutieux. Après la découverte d’un fossile il convient de le préparer à l’atelier, c’est-à-dire le dégager de la roche qui l’enferme, le révéler. Puis vient le temps de l’étude et parfois de la publication. Parmi la collection du Muséum de nombreux fossiles ont été étudiés, d’autres sont en cours et d’autres encore attendent leur tour. « En 2015, un spécialiste autrichien des poissons cartilagineux de l’université de Vienne a identifié une raie et en a conclu qu’elle était la plus vieille connue à ce jour, explique Emmanuelle. Dernièrement un étudiant est venu travailler sur ce sujet en vue d’une publication, mais c’est long. » Ainsi vit l’atelier des paléontologues au Muséum de l’Ardèche.