Le Musée des Sports

Article paru en juillet 2024
Mis en ligne en juillet 2024

Hommage et partage

Le musée des Sports de Cruas est avant tout une histoire d’amitié et de partage, de connaissance et de reconnaissance. Né de l’imagination de Jean-Luc Ales, il se place aujourd’hui parmi les lieux incontournables pour la transmission de la mémoire et des valeurs véhiculées par le sport. « Je n’en reviens toujours pas que certains grands sportifs m’aient offert tel ou tel objet, leur maillot, sourit Jean-Luc. Cela me fait chaud au cœur. » Pour chaque pièce exposée, est liée une histoire ou une anecdote. Ainsi le vélo de Luis Ocana, vainqueur du Tour d’Espagne en 1970 et du Tour de France en 1973, fut offert par le cycliste à son ami Lilian Camberabero, champion de France de rugby avec l’équipe de La Voulte en 1970. Des années plus tard, Lilian l’offrit à Jean-Luc pour l’exposer au musée des Sports. Toujours une histoire d’amitié et de partage.
 
« J’ai eu l’idée de la création de ce musée en 1987, poursuit Jean-Luc. J’avais arrêté ma carrière de sportif en 1980, mais j’avais toujours de nombreux contacts avec les sportifs car j’étais au comité départemental Ardèche du Comité Olympique. J’y suis toujours d’ailleurs. Dès le début j’ai reçu de nombreux dons et la mairie de Cruas m’a prêté un local. » Ce fut le début d’une belle aventure et des soixante mètres carrés des origines, le musée se développe aujourd’hui sur deux cent soixante mètres carrés au deuxième étage de l’Espace Louis Aragon. Mille pièces y sont exposées et en patiente autant en réserve. « Tout mériterait d’être présenté et les choix sont difficiles, soupire Jean-Luc. Alors je fais tourner les collections en fonction de l’actualité sportive : Tour de France, grandes compétitions, Jeux Olympiques, Coupe du Monde de rugby. » À ce propos, désormais trône fièrement au musée le ballon officiel de ce grand rendez-vous de l’ovalie qui s’est déroulé en septembre 2023 en France.
 
Le sport rejoint l’histoire
Ce lieu unique montre l’évolution du matériel sportif à travers la présentation d’objets de tous les âges, évoque les moments marquants de l’histoire du sport qui ne peuvent être déconnectés du contexte politique et social dans lequel il a pris place. Une cabine, où le visiteur se trouve comme dans les tribunes d’un stade, diffuse des images de ces grands moments du sport à l’image de l’exploit de Jesse Owens et ses quatre médailles d’or aux Jeux Olympiques de Berlin en 1936 en pleine période de préparation de l’horreur nazie. Et que dire de la tragédie et de la mort des athlètes israéliens lors des Jeux Olympiques de 1972 à Munich ! Le sport rejoint toujours l’histoire. Une vitrine interactive laisse parler les objets comme ce sac d’un lutteur soviétique siglé CCCP quand la Russie était encore l’Union Soviétique…
Un simulateur de ski, des vitrines interactives, une cabine de commentateur où le visiteur commente une course de cent mètres en condition du direct et s’écoute après, des objets mis en situation, le tout forme un ensemble instructif et ludique. Parmi les objets exposés, il en est des anecdotiques aux plus émouvants : la collection de cravates officielles pour les grandes rencontres de rugby des deux hémisphères, le maillot jaune d’Henri Anglade, le cadre un peu rouillé du vélo de Louis Chaillot… Tant de surprises à découvrir et à s’émerveiller !
 
Enfin, la dépendance avec les machines restaurées d’une filature d’Antraigues-sur-Volane et le parc composé d’animations autour des deux trébuchets et de la forge complètent agréablement la visite du château. Et peut-être même qu’à la forge vous serez désigné comme assistant pour actionner les deux gros soufflets et que vous repartirez avec en souvenir une broche ou une lame de couteau forgée.
 

Espace culturel Louis Aragon à Cruas
04 75 50 80 51 / 06 08 77 72 51
www.cruas.com/Le-musee-des-sports
 
Le musée est ouvert en été tous les jours de 10h à 12h et de 14h à 18h.
L’entrée est libre et la visite n’est pas guidée mais il y a toujours une personne pour répondre aux questions des visiteurs, que ce soit Jean-Luc Ales ou son aide précieuse,  Dominique Coste, trois fois championne de France de lutte et présidente du Comité départemental Olympique Ardèche.

à côté

 
Abbatiale de Cruas
Édifiée entre le XIe et le début du XIIIe siècle, l’abbatiale Sainte-Marie est un lieu envoûtant. Sa tribune monastique, redécouverte lors d’une campagne de fouilles il y a cinquante ans, son chevet et sa crypte en sont les joyaux les plus lumineux. L’abbatiale de Cruas est ouverte tous les jours en été et des visites guidées sont proposées.
04 75 49 59 20

Village ancien et château de Rochemaure
Le village et le château de Rochemaure formaient autrefois un seul ensemble à l’abri des remparts dont il reste de beaux vestiges. Le château domine la rive droite du Rhône et les remparts, épousant la forte pente du relief, enveloppent les maisons du village comme une invitation à la visite. Le village est en accès libre toute l’année et le château se visite tous les jours en été. Des visites guidées sont proposées.
04 75 49 59 20
musée du sport cruas la plus belle pièce 001
musée du sport cruas la plus belle pièce 001
La plus belle pièce
 
Dans un coin d’une vitrine, il pourrait passer inaperçu, un peu rouillé à la couleur passée, ce cadre de vélo a pourtant une histoire incroyable. Et c’est lui qui la raconte dans un commentaire émouvant. Louis Chaillot a obtenu, avec ce vélo, trois médailles olympiques en cyclisme sur piste aux Jeux Olympiques de Los Angeles en 1932 et de Berlin en 1936. « Il a mis un mois et demi pour gagner l’Amérique et il devait s’entrainer sur le pont du bateau pour arriver en forme à Los Angeles, explique Jean-Luc. Il est venu plusieurs fois au musée et malheureusement je n’ai pas eu le réflexe de l’enregistrer. Il vivait à Rosière et m’a invité, à ma demande, à venir le rencontrer. Quand je suis arrivé, le cadre de son vélo m’attendait, appuyé contre les pierres du puits devant chez lui. » C’est ainsi que maintenant cette pièce unique, presque centenaire, trône au sein du musée.
Le comité d'accueil
 
À l’entrée du musée, trois mannequins semblent constituer un comité d’accueil. Une femme et deux hommes ont laissé là quelques éléments de leur tenue sportive pour les habiller aux couleurs de leur club ou de leur discipline. Les trois sportifs sont des locaux, les régionaux de l’étape ! Il y a Amandine Leynaud, gardienne de l’équipe de France de hand-ball, championne d’Europe en 2018, championne du Monde en 2017 et médaillée d’or aux Jeux Olympiques en 2021 ; Kevin Mayer, champion du Monde de décathlon en 2017 ; Benoît Peschier, médaillé d’or en canoé-kayak en 2014 aux Jeux Olympiques.
musée du sport cruas le comité d'accueil 001
musée du sport cruas le comité d'accueil 001
musée du sport cruas jean-luc ales 003
musée du sport cruas jean-luc ales 003
Trois questions à Jean-Luc Ales
 
Comment devient-on fondateur d’un musée du sport ?
Je suis originaire de Cruas. Je pratiquais la lutte et le rugby en parallèle. Depuis toujours ma vie rime avec le sport et aujourd’hui j’entraine le club de lutte de Cruas trois fois par semaine, un club existant depuis 1960. J’en suis membre depuis 1969. Peut-être que le musée est la suite logique à tout cela.

C’est un musée pour la mémoire ?
Oui bien sûr, mais aussi pour rendre hommage à tous les sportifs de toutes les générations qui nous ont fait rêver. C’est avant tout une histoire humaine et j’ai voulu aussi laisser une place à mon mentor, Daniel Robin, qui fut double champion olympique de lutte à Mexico et qui fut plus que mon entraîneur.

L’évolution du sport vous convient-elle aujourd’hui ?
J’ai toujours été un pur amateur ne comptant jamais ni mon temps ni ma peine. Je travaillais chez Lafarge et je me préparais à de grandes compétitions en même temps. Aujourd’hui avec le professionnalisme des sommes incroyables circulent, et ce n’est pas le sportif qui est à blâmer, on les lui donne alors il les prend. Mais dans nombre de disciplines qui ne sont pas médiatisées, des sportifs font d’énormes sacrifices pour obtenir une médaille. C’est un écart démesuré.
Texte et clichés : Bruno Auboiron