Trois richesses en une
Aujourd’hui comme hier, le lien tissé par le Mas Daudet entre la vie agricole, le ver à soie et l’œuvre et la vie de l’écrivain Alphonse Daudet est légitime car si la famille Reynaud (du côté de sa mère) et la famille Daudet (originaire de Concoules dans les Cévennes) se sont rencontrées à Nîmes, c’est qu’elles étaient grandement impliquées dans la production des vers à soie et le commerce du fil de soie. Un fil rouge pour la visite de la maison de la famille maternelle de l’écrivain.
La volonté d’un homme
Trois collections permanentes animent l’ensemble des pièces de cet ancien mas méridional unique qui a conservé toute son authenticité. L’évocation de la vie rurale se découvre à travers une collection d’outils et d’ustensiles mis en situation dans la cour, le courradou et les caves. Les vers à soie occupent l’espace de la grange qui était alors modulable pour devenir un temps magnanerie. Enfin, la maison d’habitation abrite la collection rassemblant de nombreux documents, manuscrits, affiches, journaux, photographies, effets personnels et témoignages divers montrant le vrai visage d’Alphonse Daudet ; trop de personnes le connaissent uniquement comme l’auteur de La Chèvre de Monsieur Seguin.
Sans la volonté d’un homme, ce mas ne serait jamais devenu musée, l’un des atouts majeurs de Saint-Alban-Auriolles. Roger Ferlet, puisqu’il s’agit de cet homme, est né à Lyon et a vécu à Paris, mais sa mère est originaire de Montpezat-sous-Bauzon. Ingénieur, homme de lettres et écrivain, il est le créateur du magazine La Vie du Rail. Il connaissait la famille Daudet, enfin les descendants de l’écrivain. En 1937, sans que l’on sache ses motivations profondes, il acheta le mas au dernier représentant de la famille Reynaud. Pendant près de deux décennies, il a rassemblé une multitude de documents et d’objets et en 1954, il métamorphosait son mas en musée. Sans doute voulait-il rendre hommage à Alphonse Daudet qu’il admirait, et à la vie locale.
Visite guidée !
Roger Ferlet s’est éteint en 1984 et cinq ans plus tard, au décès de son épouse, le Mas de la Vignasse, qui deviendra plus tard le Mas Daudet, devient propriété de la commune. Au moment du rachat, les collections furent conjointement acquises par la commune et le département, ainsi aujourd’hui de nombreux documents se trouvent aux Archives Départementales. Il en reste de forts intéressants sur les murs et dans les vitrines du musée.
Le Mas Daudet est désormais pleinement ancré dans le paysage local, et la population est très attachée à la présence de ce lieu qui a bénéficié d’importants travaux de réhabilitation. Certes, la muséographie mériterait une petite cure de jouvence et un accompagnement vers plus d’interaction pour des visites libres puisque la tendance actuelle du lieu n’est pas au développement des visites guidées. Pourtant, celles-ci sont juste passionnantes et l’occasion de beaux échanges. Découvrir le Mas Daudet grâce au talent et la passion de ces deux animateurs est plus que conseillé !