Du Moyen Âge à la sériciculture
Surveillant la route qui rejoint le Pont-d’Arc, à l’époque le seul point de passage sur l’Ardèche, se dressait une imposante tour carrée bâtie au XIe siècle et dont il ne reste rien à part peut-être un pan de mur. Le château ouvert à la visite date du XIVe siècle avec ses défenses reconstruites en 2016. « Cette restauration était le rêve de mon père, sourit Émilie Lascombe. Et il l’a fait ! Il n’avait pas beaucoup d’informations sur le château car toutes les archives ont été détruites à la Révolution. »
Conserver et transmettre la tradition
La visite du château des Roure se décline au long de 3 thèmes : la vie au Moyen Âge, les guerres de religions et la sériciculture ou l’élevage des vers à soie. Il s’agit là d’un assemblage qui peut paraître curieux au premier abord, mais ces trois thèmes sont l’identité même du château. Il faut savoir que pendant la période faste du ver à soie, ce château était l’une des plus grandes magnaneries de la région ; l’ensemble du deuxième étage du château était consacré à l’élevage des vers à soie pour obtenir une grande quantité de cocons. Au pied du château, un verger de mûriers plusieurs fois centenaires permettait de nourrir les vers. C’est ce qu’on découvre au premier étage dans la salle où sont exposés quelques vers à soie que Danielle, la mère d’Émilie, soigne quotidiennement : « Notre famille a vécu du ver à soie jusqu’à la génération des arrières grands-parents de notre fille. Aujourd’hui nous faisons perdurer la tradition pour la montrer aux visiteurs. Le ver à soie est vorace, entre l’œuf et le ver prêt à s’enrouler dans son cocon de fil, il prend dix mille fois son poids. Et à cause de la pollution de l’air, nous sommes obligés de laver les feuilles qui servent de nourriture désormais. »
Quelques pas de plus et on pénètre dans la grande salle d’apparat et sa vaste cheminée. Là sont racontées l’histoire des guerres de religion et celle du comte du Roure. Encore une porte et c’est la chambre où le duc de Rohan passa une nuit, en visite dans la région… Un escalier à vis relie les différents niveaux et galeries extérieures du château.
Forge et trébuchets
Une salle au second niveau offre une sélection de photographies avant et après les travaux, où comment le bâtiment est passé de maison forte à château retrouvé. Une pièce sur la soie, une autre sur l’éducation des enfants de châtelains au Moyen Âge et nous voilà devant une curieuse vitrine où sont rassemblés divers témoignages découverts tout autour et dans le château. « Tout ce qui se trouve ici a été étudié par Christophe Delbecq, un ami de la famille, précise Émilie. Il n’y a rien d’extraordinaire, des balles de mousquets, des pièces de monnaie de toutes les époques, des fermoirs, bref des petits objets du quotidien nous rappelant les siècles passés. »
Après un long moment à admirer la vue et l’ambiance sur le chemin de ronde, il est temps de descendre dans un réduit près de l’accueil. C’est là que le père d’Émilie décida de creuser pour essayer de trouver le départ du souterrain du château. Tentative infructueuse, alors il eut l’idée de créer l’animation du fantôme des oubliettes : tout un programme !
Enfin, la dépendance avec les machines restaurées d’une filature d’Antraigues-sur-Volane et le parc composé d’animations autour des deux trébuchets et de la forge complètent agréablement la visite du château. Et peut-être même qu’à la forge vous serez désigné comme assistant pour actionner les deux gros soufflets et que vous repartirez avec en souvenir une broche ou une lame de couteau forgée.