La Cité de la Préhistoire

Article paru en juillet 2024
Mis en ligne en juillet 2024

De l’apparition aux prémices de l’écriture

La Cité de la Préhistoire existe depuis 1988 et c’est en 2014 qu’elle est devenue ce site où a trouvé place l’évocation des premiers humains jusqu’à l’invention de l’écriture en Ardèche et dans le nord du Gard voisin, c’est-à-dire l’histoire des Néandertaliens et des Sapiens. Une histoire des trois cent cinquante derniers millénaires car le plus vieux site de la région est Orgnac III où des ossements de Homo heidelbergensis ou Pré-néandertalien, et des outils furent découverts lors de fouilles.
La Cité de la Préhistoire se décline en sept salles ou séquences reprenant l’ordre de l’évolution de l’Humanité. À l’entrée, une vitrine « Actualité de la recherche » montre que les collections dans les réserves ne dorment pas mais continuent d’être étudiées par des chercheurs et des étudiants. Ensuite le voyage peut commencer.
 
Biologie et culture
Comme un premier rendez-vous, le moulage d’un tout jeune mammouth, dont l’original fut retrouvé congelé dans le pergélisol de Sibérie, nous transporte dans une autre temporalité. Dans cette première séquence est donnée la définition de la préhistoire. Quelques précisions indispensables pour comprendre notre monde d’aujourd’hui car malgré les différences biologiques superficielles comme la couleur de la peau ou des yeux, tous les humaines actuels sont de la même espèce : Homo sapiens. En revanche, les différences culturelles telles que la langue, le mode de vie, les croyances ou les traditions sont plus profondes. Il ne faut pas mélanger culture et biologie.
 
Tout au long de la visite, des vitrines et des tables tactiles expliquent comment est étudiée la préhistoire grâce à l’archéologie divisée en maintes spécialisations. « Tous ces spécialistes discutent entre eux pour proposer une définition de ce qui s’est passé, explique Maëlys Raynaud, médiatrice. Les différentes disciplines se nourrissent des autres pour avancer sur des petits trucs cassés et moches qui ne ressemblent à rien comme des bouts d’os, des tessons de poterie. »
 
Découverte chronologique

La Cité de la Préhistoire propose à ses visiteuses et visiteurs d’être dans l’action pour apprendre et comprendre les gestes oubliés de leurs lointains ancêtres au cours d’ateliers à thèmes. Il y a tant à toucher au fil des salles. Des vidéos d’expérimentation expliquent aussi comment un objet a été fabriqué et utilisé.
« Grâce à tout cela, nous nous rendons compte de la technicité des hommes préhistoriques pour se faciliter la vie, sourit Maëlys. Donc maintenant se pose la question de la transmission de leur savoir, donc la parole ? Question aujourd’hui encore sans réponse. »
 
À chaque salle, deux personnages représentent la période concernée, accompagnés par la courbe climatique et d’un petit texte qui raconte qui ils étaient et quel fut leur quotidien. Des animaux naturalisés, des maquettes et une petite vidéo de chercheurs répondent aux principales questions que le public peut se poser… La Cité de la Préhistoire est un espace vraiment accessible au plus grand nombre pour découvrir notre histoire commune.
 

L’Aven d’Orgnac et la Cité de la Préhistoire sont indissociables au sein du label Grand Site de France.
04 75 38 65 10
www.orgnac.com
 
Le billet d’entrée est couplé pour l’Aven d’Orgnac et la Cité de la Préhistoire.
En plus des collections permanentes, l’exposition temporaire jusqu’à la fin de l’année offre la découverte du travail du photographe animalier Guillaume Mazille de Monclus qui fait dialoguer son regard sur l’animal avec le regard des artistes de la préhistoire.

à côté

 
Cité de Barjac
La frontière entre le Gard et l’Ardèche est certes administrative mais de chaque côté la garrigue est la même. Sur la rive droite des gorges de l’Ardèche, enclave ardéchoise en terre gardoise, Orgnac-l’Aven se situe à deux pas de Barjac. Il suffit de pousser un petit peu plus loin pour rejoindre cette cité ensoleillée, accueillant chaque été un festival de la chanson française laissant la place sur scène à des artistes qui ailleurs n’ont pas toujours voie au chapitre.

Théâtre sous les étoiles
Dans l’espace extérieur entre l’entrée de l’Aven d’Orgnac et la Cité de la Préhistoire, chaque été pour la seizième année consécutive, se donnent les séances du Théâtre sous les Étoiles. La compagnie Athome Théâtre propose des pièces d’auteur très variées, du classique au plus surprenant. Des mises en scène toujours souriantes et surprenantes au service d’un jeu d’acteurs pétillant et énergique. L’équipe d’acteurs ne change que très peu d’une année sur l’autre, seule la mise en scène accueille un nouveau professionnel pour le plus grand bonheur du public très fidèle.
www.athomecollectif.com
cité de la préhistoire la plus belle pièce 001
cité de la préhistoire la plus belle pièce 001
La plus belle pièce
 
Les témoignages d’art mobilier sont rares car les supports tels que le bois ou la peau ont depuis longtemps disparu. Il ne reste que la pierre, l’os et l’ivoire. Ainsi des côtes de cervidés gravées furent retrouvées dans la terre de la grotte des Deux Avens, à deux pas de la grotte Chauvet. Elles sont âgées de douze mille ans. Elles sont discrètes et néanmoins d’une grande valeur patrimoniale et artistique. Elles ont été finement gravées et pour souligner le trait, le ou les artistes ont déposé au fond de l’ocre rouge. Sur la première, une tête de cervidé regardant vers la droite, deux petits oiseaux et un poisson peu souriant ; sur la deuxième, des biches se suivent… Bien à l’abri dans leur vitrine, elles se laissent admirer sans limite.

Le laboratoire et la réserve : le saint des saints !
 
Derrière les vitrines et les galeries d’exposition du musée se cachent la réserve et le laboratoire ouverts aux chercheurs et aux étudiants. Celles et ceux qui œuvrent dans ce saint des saints peuvent leur proposer un accompagnement pour faire vivre les collections et les archives conservées et ainsi valorisées. Jusqu’à présent tous les éléments des collections, provenant localement de fouilles passées et actuelles, n’ont pas encore été étudiés. Le champ d’investigation pour l’avenir est très vaste et sans doute riche d’enseignements à venir. La plus grande richesse de la Cité de la Préhistoire se fait discrète dans un endroit au taux d’humidité et à température constants, et fermé à clef, sous surveillance.

cité de la préhistoire réserve 003
cité de la préhistoire réserve 003
cité de la préhistoire maélys 003
cité de la préhistoire maélys 003
Trois questions à Maëlys Raynaud
 
Quel est votre rôle ?
J’ai suivi une formation scientifique et un master de recherche en préhistoire. Mon travail de médiatrice consiste à expliquer aux visiteurs ce que mes collègues archéologues et chercheurs découvrent. Le champ d’actions est très vaste et ce qui me plait, c’est la transmission hors du cours magistral mais grâce à des animations, démonstrations et ateliers participatifs. Nous sommes trois médiateurs à travailler toute l’année.

Est-ce que la Cité de la Préhistoire se prête bien à cette transmission ?
Oui, le site est vraiment riche. C’est un bel outil de travail fait pour la vulgarisation et la transmission. Nous sommes une équipe très soudée de passionnée de la préhistoire, de recherche et d’archéologie. Et puis nous sommes bien en Sud Ardèche.

Est-ce que la proximité de l’aven est un atout ?
Bien sûr, cela nous assure une belle fréquentation puisque les billets d’entrée sont couplés. Comme j’ai aussi une formation en géologie, il m’arrive d’assurer des visites à la grotte. Le plafond de la salle Joly d’Orgnac finira un jour par s’écrouler, c’est le lot de tous les avens, alors il y aura la présence de la Baume de Ronze, tout à côté, là où des humains ont vécu. Nos descendants pourront continuer de transmettre…
Clichés : Bruno Auboiron, Droits Réservés, Guillaume Mazille