Vent. Vol. Vie !
Parmi tous les espaces muséographiques ouvrant leurs portes sur le territoire ardéchois, l’École du Vent occupe une place très particulière et privilégiée. Certes, elle est implantée à Saint-Clément, vraiment loin de tout, mais elle offre une expérience unique à vivre qui mérite le déplacement. La visite est tout à la fois scientifique, onirique et poétique. On découvre tout d’abord à l’extérieur une image figée du vent : l’œuvre Anémos. Il s’agit d’un instantané du vent soulevant une maison dans les airs. Et dès la porte franchie on est accueilli au sein d’une montgolfière. Apprendre à voler de ses propres ailes : voilà ce qui attend les visiteuses et visiteurs.
Venticulteur et apprenti volateur
L’École du vent se décline sur trois niveaux reprenant les trois thèmes de la devise du peuple du vent : vent, vol, vie. Tout commence avec les vents, qu’ils soient locaux, régionaux ou planétaires. Plusieurs salles pour les découvrir et s’amuser aussi car il ne s’agit pas d’une visite passive. Il y a toujours à manipuler, à essayer, à contempler ici. Guidant chaque pas, les ventophones sont de curieuses machines à travers lesquelles le professeur Bartavel distillent conseils et secrets. « Nous avons inventé tout un vocabulaire relatif au peuple du vent, s’amuse Mathilde Cognet, co-fondatrice de l’École du Vent. Il y a les captairs nécessaires à piéger le vent ; ces derniers sont disposés et gérés par des venticulteurs. L’apprenti volateur est l’élève de cette école qui apprend à piloter les chalairs, sorte de bateau volant à fond plat. Le ventographe permettant d’envoyer des messages au vent. Et bien d’autres mots et expressions à découvrir au fil de la visite. »
Après le niveau du vent vient celui du vol. Dans cet espace on s’initie avec bonheur à l’apprentissage du vol grâce au simulateur ; un moment unique à vivre. Histoire de l’aviation, intelligence de la faune et la flore pour s’adapter et tirer le meilleur du vent dans leur vie quotidienne, et l’atelier du vent complètent ce niveau. Là, place aux œuvres d’art en vidéo et en photographies et à la fabrication d’avions en papier à déposer dans un lanceur pour battre le record de la piste ! « Dans la nouvelle École du Vent, nous avons voulu laisser une large place à l’expression artistique, souligne Mathilde. Nous ouvrons régulièrement nos portes à des artistes en résidence pour parler poétiquement de légèreté. »
Retrouver sa place au sein du vivant
S’ouvre enfin l’espace de la vie ; celle des gens d’ici avec la burle dont quelques témoignages nous sont livrés, celle des peuples du vent d’ailleurs comme en Malaisie où des hommes pêchent avec un cerf-volant, les fours à vent des Incas ou les pièges à vent iraniens. Un pas de plus et nous voilà au poste de pilotage d’un chalair où les apprentis volateurs venaient s’initier aux secrets du vent et du vol. À ce moment-là, on pourrait se croire héros d’un roman de Jules Verne.
Il est temps de plonger sa plume dans l’encrier pour laisser un mot. En voici trois exemples qui résument bien le ressenti des visiteurs : « Merci du fond du cœur d’une grande fille qui a toujours voulu voler », « Merci pour cet envol et restons libres comme l’air », « Le vent, l’air, la respiration, la vie »… Il reste un dernier recoin de l’École du Vent à découvrir. Mathilde nous en ouvre la porte : « Pour finir nous projetons une vidéo très douce et méditative, le temps à chacun de se poser pour prendre conscience du message que nous avons voulu faire passer tout au long de la visite : nous souhaitons que l’humain se replace au sein du vivant. Nous sommes peu de chose et le vent l’emportera. »