L'Ecole du Vent

Article paru en juillet 2024
Mis en ligne en juillet 2024

Vent. Vol. Vie !

Parmi tous les espaces muséographiques ouvrant leurs portes sur le territoire ardéchois, l’École du Vent occupe une place très particulière et privilégiée. Certes, elle est implantée à Saint-Clément, vraiment loin de tout, mais elle offre une expérience unique à vivre qui mérite le déplacement. La visite est tout à la fois scientifique, onirique et poétique. On découvre tout d’abord à l’extérieur une image figée du vent : l’œuvre Anémos. Il s’agit d’un instantané du vent soulevant une maison dans les airs. Et dès la porte franchie on est accueilli au sein d’une montgolfière. Apprendre à voler de ses propres ailes : voilà ce qui attend les visiteuses et visiteurs.
 
Venticulteur et apprenti volateur
L’École du vent se décline sur trois niveaux reprenant les trois thèmes de la devise du peuple du vent : vent, vol, vie. Tout commence avec les vents, qu’ils soient locaux, régionaux ou planétaires. Plusieurs salles pour les découvrir et s’amuser aussi car il ne s’agit pas d’une visite passive. Il y a toujours à manipuler, à essayer, à contempler ici. Guidant chaque pas, les ventophones sont de curieuses machines à travers lesquelles le professeur Bartavel distillent conseils et secrets. « Nous avons inventé tout un vocabulaire relatif au peuple du vent, s’amuse Mathilde Cognet, co-fondatrice de l’École du Vent. Il y a les captairs nécessaires à piéger le vent ; ces derniers sont disposés et gérés par des venticulteurs. L’apprenti volateur est l’élève de cette école qui apprend à piloter les chalairs, sorte de bateau volant à fond plat. Le ventographe permettant d’envoyer des messages au vent. Et bien d’autres mots et expressions à découvrir au fil de la visite. »
Après le niveau du vent vient celui du vol. Dans cet espace on s’initie avec bonheur à l’apprentissage du vol grâce au simulateur ; un moment unique à vivre. Histoire de l’aviation, intelligence de la faune et la flore pour s’adapter et tirer le meilleur du vent dans leur vie quotidienne, et l’atelier du vent complètent ce niveau. Là, place aux œuvres d’art en vidéo et en photographies et à la fabrication d’avions en papier à déposer dans un lanceur pour battre le record de la piste ! « Dans la nouvelle École du Vent, nous avons voulu laisser une large place à l’expression artistique, souligne Mathilde. Nous ouvrons régulièrement nos portes à des artistes en résidence pour parler poétiquement de légèreté. »
 
Retrouver sa place au sein du vivant
S’ouvre enfin l’espace de la vie ; celle des gens d’ici avec la burle dont quelques témoignages nous sont livrés, celle des peuples du vent d’ailleurs comme en Malaisie où des hommes pêchent avec un cerf-volant, les fours à vent des Incas ou les pièges à vent iraniens. Un pas de plus et nous voilà au poste de pilotage d’un chalair où les apprentis volateurs venaient s’initier aux secrets du vent et du vol. À ce moment-là, on pourrait se croire héros d’un roman de Jules Verne.
Il est temps de plonger sa plume dans l’encrier pour laisser un mot. En voici trois exemples qui résument bien le ressenti des visiteurs : « Merci du fond du cœur d’une grande fille qui a toujours voulu voler », « Merci pour cet envol et restons libres comme l’air », « Le vent, l’air, la respiration, la vie »… Il reste un dernier recoin de l’École du Vent à découvrir. Mathilde nous en ouvre la porte : « Pour finir nous projetons une vidéo très douce et méditative, le temps à chacun de se poser pour prendre conscience du message que nous avons voulu faire passer tout au long de la visite : nous souhaitons que l’humain se replace au sein du vivant. Nous sommes peu de chose et le vent l’emportera. »
 

Le village à Saint-Clément
04 75 30 41 01
www.ecole-du-vent.com
 
Le site est ouvert en été tous les jours de 10h30 à 12h30 et de 14h00 à 18h30.
Animations ludiques, pratiques, culturelles et gourmandes sont proposées toute l’année et deux sentiers, celui d’Éole et celui autour de la géologie, débutent à l’École du Vent.

à côté

 
Le Tchier de Borée
Face au village de Borée et au Mont Mézenc, l’ère du Tchier de Borée présente un double visage : œuvre inspirée du land art et création mégalithique contemporaine à interpréter selon sa culture et ses références. En effet, cette composition de Fabienne et Serge Boyer, qui a vu le jour en 2008, se compose de 70 pierres plantées, sculptées et gravées. Un cheminement intérieur se déroule autour de 9 thématiques grâce aux innombrables symboles ésotériques, historiques et mythologiques à jamais inscrits dans la pierre. Des réponses pour celle ou celui qui cherche, l’émerveillement pour qui contemple, le calme pour qui médite.
boree.fr

Le sommet du Mont Mézenc
L’Ardèche et la Haute-Loire voisine se partagent le sommet du Mont Mézenc. Si le point culminant, 1753 mètres d’altitude, est situé en territoire ardéchois, la majeure partie de cette montagne est alti-ligérienne. De son sommet la vue s’étire loin à l’horizon sur 360°, et sa ligne de crête sépare irrémédiablement les eaux du Rhône et de la Méditerranée de celles de la Loire et de l’Atlantique. La flore variée, colorée et la faune avicole planant dans le ciel occupent sans partage le site. Quant à la phonolithe, la pierre qui chante, elle rappelle que cette montagne est un volcan assagi depuis très longtemps.
www.mezencloiresauvage.com
école du vent simulateur de vol 002
école du vent simulateur de vol 002
La plus belle pièce
 
Il ne fut pas simple d’identifier la plus belle pièce de ce lieu atypique, mais le simulateur de vol s’est imposé rapidement. Qui n’a pas rêvé de voler comme un oiseau ? Alors allongez-vous sur le banc, enfilez vos bras et vos mains dans les ailes, façon chauve-souris, et hop un battement d’ailes ; c’est parti, vous volez. Vos gestes, qu’il faudra vite maîtriser un minimum, vous guide à travers l’orage et la tempête, ou alors plus paisiblement sous le soleil en toute saison ou au clair de lune au-dessus des montagnes alentours pour une expérience unique et ludique, une vraie sensation de vol… comme un oiseau !
Le peuple du vent
 
L’histoire est belle et poétique. En fermant les yeux, en se laissant bercer par les dires d’un découvreur, le professeur Bartavel, un peu savant fou, on pourrait y croire, tout au moins avoir envie d’y croire. C’est en nettoyant un poulailler que cet homme du village a découvert sept livres, de vieux grimoires poussiéreux écrits en pattes d’oiseaux par un ancien élève de l’école du vent. À ce jour, un seul est déchiffré. Il évoque comment les enfants du peuple du vent devenaient des apprentis volateurs. C’est cet apprentissage que nous conte l’École du Vent, entre découverte ludique, essai de machines, témoignages et approche scientifique, le tout dans un univers onirique fortement teinté de poésie.
école du vent 024
école du vent 024
école du vent mathilde cognet 004
école du vent mathilde cognet 004
Trois questions à Mathilde Cognet
 
Que représente l’École du Vent pour vous ?
J’y suis très attachée, j’y ai consacré 15 ans de ma vie professionnelle depuis 2007. J’en suis la co-fondatrice avec Sophie Maneval. Aujourd’hui je suis directrice du pôle culture de la Communauté de communes de Val’Eyrieux qui a la responsabilité du site.

Comment est né ce site ?
C’est un projet à l’initiative de la commune de Saint-Clément pour faire vivre un coin de pays grâce à cette maison en ruine au cœur du village qui après réflexion devint l’École du Vent. Cette thématique est inépuisable. L’idée nous est venue car quand on arrive au belvédère de Saint-Clément face à l’immensité du paysage, on a juste une envie : ouvrir les bras et s’envoler.

Une école en évolution ?
Le site a connu une refonte complète en 2018 car il était vieillissant pour une réouverture à l’été 2022. Nous sommes tellement loin de tout ici que ne nous ne pouvons pas ne pas être bons. Le vent on ne peut pas le mettre sous vitrine et quand on est du Plateau, on partage sa vie avec, un patrimoine immatériel. Alors nous avons voulu le partager avec une expérience unique à vivre.
Texte et clichés : Bruno Auboiron