CASTANEA

Article paru en juillet 2024
Mis en ligne en juillet 2024

Vitrine de la châtaigne d’hier et de demain

Castanéa, ou espace découverte de la châtaigne d’Ardèche, prend ses aises sur deux niveaux d’un bâtiment historique érigé au XVIIe siècle et jouxtant l’église Saint-Pierre de Joyeuse. C’est au sein de l’ancien réfectoire et de quelques salles de classes de ce collège des frères Oratoriens que le musée de la Châtaigneraie ouvrit ses portes en 1987. « À l’origine il s’agissait d’une très belle collection d’objets relatifs à la castanéiculture et à la châtaigneraie, explique Murielle Brahic, l’animatrice de Castanéa. Ces dons et ces prêts provenaient des habitants de la région qui avaient sans doute à cœur que les traditions perdurent. »

D’hier à aujourd’hui

L’ancien réfectoire du collège avec sa vaste cheminée accueille des éléments du patrimoine qu’il convient de mettre en valeur pour conserver la mémoire des pentes cévenoles. Des outils les plus simples aux plus complexes, par exemple les chaussures équipées de semelles à pointes métalliques ou encore un décortiqueur en tonneau, au mobilier le plus inattendu comme le confiturier, la berle ou encore l’archebanc, tous portent témoignage d’un monde oublié pour les plus jeunes ou nostalgique pour les anciens.

En 2018, le musée de la Châtaigneraie se métamorphosa en Castanéa. « La scénographie et l’aménagement furent à ce moment-là entièrement repensés, précise Murielle.
La volonté affichée était et est toujours de mettre en avant la filière châtaigne et son actualité à travers les castanéiculteurs et les autres acteurs locaux. Nous voulons nous tourner vers l’avenir sans pour autant tourner le dos au passé. » Évoquer hier en passant par aujourd’hui pour aller vers demain : voici donc le fil rouge de ce lieu entièrement dédié au fruit emblématique de l’Ardèche.
 

Faire revivre la châtaigneraie

Désormais la visiteuse ou le visiteur bénéficie d’un tour d’horizon complet de la châtaigneraie, de l’usage du bois à la récolte et la transformation des fruits. Dès l’entrée, une immense image représente le sous-bois d’une châtaigneraie à l’automne, au moment de la récolte. Au premier niveau, évocation de l’environnement et le passé de la châtaigne. Au second niveau, l’actualité, pleine de surprises, de la châtaigne ardéchoise cultivée et récoltée en verger. Une actualité porteuse d’avenir.

« Ce qu’il est intéressant de noter c’est que la châtaigneraie ardéchoise reste largement sous-valorisée, appuie Murielle. Le potentiel de reconquête est estimé à trente mille hectares. » Les castanéiculteurs sont très actifs et œuvrent à la reconnaissance de la châtaigne d’Ardèche. Ils redonnent vie aux pentes cévenoles et Castanéa en est la vitrine !
 
Espace de découverte
de la châtaigne d’Ardèche
Parvis de l’église à Joyeuse
04 75 39 90 66
www.castanea-ardeche.com

Le musée est ouvert en été en visite libre du lundi au vendredi de 10h à 18h ; le samedi et le dimanche, le 14 juillet et le 15 août de 14h à 18h,  
Visites guidées, dégustations, échanges avec un castanéiculteur et animations à thèmes sont accessibles sur réservation.

À côté


Entre vignes et châtaigniers
Le village de Ribes se partage entre faïsses couvertes de vigne en contrebas de l’église et la châtaigneraie plus haut sur la montagne. De nombreux sentiers de randonnée arpentent les rues du village aux maisons caractéristiques jusqu’aux vignes, aux anciens mûriers ayant permis l’élevage des vers à soie, aux oliviers et à la châtaigneraie en passant par des tombes, sans doute d’origine mérovingienne, creusées à même les imposants blocs de grès. De quoi passer une très belle journée de découverte à Ribes.

La rue des Arts
Les artisans d’art et les artistes se sont donnés rendez-vous dans les ateliers s’ouvrant de chaque côté de la rue principale du vieux Joyeuse, au plus haut du village juste sous l’église et l’espace Castanéa. Pour créer des synergies, fédérer les envies et compétences, pour la promotion des métiers d’art, ils ont créé l’association "Rue des Arts" qui a pour but aussi la valorisation du patrimoine bâti et culturel de la cité à travers l’artisanat d’art. De belles découvertes et de l’émerveillement promis en arpentant cette rue.
joyeuse.fr/joyeuse-village-dartisans-dart/
castanea la plus belle piéce 002
castanea la plus belle piéce 002

La plus belle pièce

Incontestablement la plus belle pièce de la collection de l’espace de découverte de la châtaigne d’Ardèche est une berle. Il s’agit d’une armoire en bois de châtaignier datant de la fin du XVIIIe siècle fabriquée à partir du tronc creux d’un arbre qui était âgé de cinq ou six cent ans quand il fut abattu. Sa naissance date donc du temps des cathédrales et des châteaux des XIIe et XIIIe siècles. Ses deux portes battantes, munies d’élégants gonds en fer forgé, sont la seule partie travaillée du meuble, son corps étant façonné dans un tronc creux coupé en longueur et juste évidé sommairement. Ces troncs traités ainsi pouvaient finir en mobilier, mangeoire, saloir… Le nom berle vient de l’occitan « berlut » signifiant tronc creux.

Du bois au fruit

Il existe deux types de châtaigneraie en Ardèche : la fruitière et la forestière. La première est cultivée en verger, plantée de variétés greffées sélectionnées pour la qualité des fruits produits. La seconde est une forêt constituée de châtaigniers sous différentes formes, vieux arbres autrefois cultivés, taillis et futaie. Elle assure la production de bois d’œuvre de qualité et de bois de chauffage. En Ardèche, la châtaigneraie fruitière se place au premier rang pour la production de fruits, certes une goutte d’eau par rapport à la production d’autres pays comme la Turquie, la Chine ou la Corée du Sud. En revanche, la châtaigneraie forestière de notre département ne se place qu’au sixième rang au niveau national. Tout un univers à développer encore et encore.
 
castanea 004
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castanea murielle brahic 003
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Trois questions à Murielle Brahic


Qu’évoque pour vous la châtaigne ?
J’avais un grand-père qui possédait des châtaigniers et j’ai grandi avec les châtaignes. J’y suis très attachée. Ce fruit est un symbole d’hier, de la tradition, mais aussi un espoir et un enjeu pour demain. La châtaigne a façonné notre territoire et en découvrir l’histoire permet de comprendre les paysages qui nous entourent. Et puis c’est un fruit qui donne ses lettres de noblesse à la gastronomie locale.

Que mettez-vous en avant lors des visites guidées ?
Castanéa est une vitrine de la châtaigne mais surtout des castanéiculteurs qui font vivre le pays. J’aime à faire découvrir et à démontrer le potentiel de la châtaigne et l’important travail que la culture du châtaignier nécessite. La châtaigneraie est un verger d’arbres entretenus et non une forêt d’arbres libres. La châtaigne nait du fruit du labeur des hommes.

Et pour demain ?
L’emplacement de Castanéa au cœur du vieux Joyeuse se situe en bordure du territoire des châtaigneraies. J’invite donc nos visiteuses et visiteurs à parcourir le territoire et profiter des visites organisées aussi par les castanéiculteurs comme Patrice Galiana à Laboule par exemple. C’est complémentaire à la visite de Castanéa.
Texte et clichés : Bruno Auboiron