I) DE MAYRES À LALEVADE-D’ARDÈCHE

Article paru en juillet 2025
Mis en ligne en juillet 2025

La vivacité de la Haute Ardèche

La rivière est vive entre Mayres et Lalevade-d’Ardèche. Elle n’a pas encore quitté les habits de l’adolescence et elle n’en est que plus attirante. Du sentier sur les hauteurs de Barnas au pont du Diable, du magnifique château de Hautségur à celui imposant de Ventadour, de l’église Niègles au domaine de Rochemure, siège du Parc naturel régional des Monts d’Ardèche, la déambulation est belle et riche en surprises patrimoniales et naturelles. De quoi passer deux ou trois belles journées…

Une petite randonnée : Lafarre

Du modeste bourg de Barnas, une volée d’escaliers en pierre marque l’entrée de l’impasse Saint-Théofrède, du nom de l’église dominant le village. On ne grimpe pas jusqu’à elle car une sente herbeuse à mi-hauteur nous invite à quitter le village. Ainsi, après la dernière maison, dont on domine le toit, le sentier monte doucement à flanc de montagne. En prenant de la hauteur, la vue se dégage sur la vallée de l’Ardèche.
  
Le sentier tourne sur la gauche dans le vallon du Rieu Jilieux, perpendiculaire à la vallée de l’Ardèche. On traverse une zone de châtaigniers morts. Dressant encore leur troncs et branches secs, ont-ils péri par l’incendie ou la sécheresse ? Ensuite, le vert reprend ses droits avec les chênes et une abondance de houx. La végétation est variée ici et d’ailleurs l’itinéraire que l’on suit est également un sentier botanique ponctué de panneaux présentant plantes, arbustes et arbres locaux. Régulièrement alternent passages découverts avec de belles échappées sur la montagne au fond du vallon et l’ombre bienfaitrice où les châtaigniers dominent. Un peu plus loin, une curiosité nous attend : au bord du sentier, au ras du sol, une étonnante petite croix en pierre.
  
Un peu plus loin, on franchit le Rieu Jilieux par une passerelle en bois avant de gagner le hameau du Pouget. À la sortie de ce dernier une altière croix et un animal façonné en fil de fer rouge plantés au sommet d’un rocher semblent nous souhaiter bon chemin. Une petite route en descente puis un sentier en terre sous les chênes qui devient caladé avec des marches sous les châtaigniers, nous permettent d’atteindre Lafarre. On traverse ce hameau que l’on quitte par un élégant sentier passant sous une treille. Le chemin qui suit est très abîmé par le travail de sape des sangliers à la recherche de nourriture dans le sol. Les murets des terrasses sont en partie éboulés sur le sentier et la progression n’est pas simple. C’est ainsi que l’on débouche sur une petite route que l’on suit en descente pour franchir le pont sur le ruisseau La Farre et revenir au bord de la route nationale au fond de la vallée de l’Ardèche. Le chemin de Champfagot gagne le pont du Bouix sur l’Ardèche et on suit à droite pour retrouver la route nationale et revenir au cœur de Barnas.

Longueur : 5,9 km
Temps : 2h
Difficulté : facile
Balisage : jaune et blanc
Topo-guide : Vallées de l’Ardèche, édition locale, décrite sous l’appellation Pouget-Lafarre
Avertissement : il faut être vigilant car parfois le balisage est peu marqué, et faire attention à la circulation quand l’itinéraire longe la Route nationale.

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Un lieu incontournable : Le château de Hautségur
  

Ce château, dont l’origine remonte au XIIe siècle, se dresse sur un promontoire au-dessus de l’Ardèche en face du pont du Barutel, lieu de passage depuis l’époque romaine et désormais lieu de baignade plus que fréquenté. Il s’agit en fait d’une ancienne tour de guet de l’imposant château de Ventadour érigé non loin en aval. Son allure actuelle, le château de Hautségur la doit à Jean de Langlade, notaire protestant qui en fit l’acquisition en 1591 et la transforma en demeure de luxe, cas rarissime en France, selon l’avis du professeur David Brouzet de l’École du Louvre qui est venu ici pour l’étudier. Il resta dans la famille de Langlade jusqu’en 1752. « Au moment de la Révolution, le propriétaire de l’époque fit profil bas, souligne Patricia Demangeon, actuelle propriétaire. On a retrouvé le texte de 1792 qui indique qu’il a lui-même commandé l’arasement des tours pour que les insurgés ne pillent pas sa demeure. »
  
Patricia Demangeon découvrit Hautségur en 2009, grâce à l’ancien gardien du lieu, et en fit l’acquisition entre 2010 et 2012 car il appartenait à trois personnes différentes. « Je ne cherchais pas à acheter un château, mais je l’ai croisé et j’y ai vu un signe du destin, sourit-elle. J’ai toujours été passionnée par le patrimoine et ce qui me plaisait dans ce château c’est qu’il était relativement dans son jus, même s’il y avait beaucoup de travail à faire. Je voulais prendre soin de ce patrimoine qui était en péril. » Le premier et plus gros travail fut de remonter l’ensemble à sa hauteur d’origine. Il y eut aussi la reconstruction intégrale de deux échauguettes à l’image des deux existantes. Quant à la restauration intérieure, elle fut de grande ampleur. Mais après quatorze années de travaux, le résultat est magnifique.
  
La visite permet de découvrir au niveau du sol la salle d’honneur, des gardes et la cuisine, le premier étage où vivait Mme de Langlade et au-dessus celui de son époux, tous les deux avec une chambre et une grande pièce de réception avec des plafonds en fougère et de vastes cheminées sculptées. Quant au dernier niveau, devenu une belle suite, il servait de grenier pour stocker les archives du notaire. « Ce qui est remarquable aussi c’est qu’on a retrouvé l’inventaire complet du mobilier du château daté de 1640, appuie Patricia Demangeon. Cela m’a permis de le remeubler qu’avec du mobilier du XVIIe siècle. C’est vraiment une reconstitution fidèle. »
  
L’idée première de la propriétaire actuelle a toujours été d’ouvrir son château au public. Il fait partie d’un patrimoine appartenant, au moins moralement, à tout le monde et accueillir des visiteurs était une évidence. Ainsi, plusieurs formules permettent de découvrir Hautségur. La première, sans doute la plus immersive, est d’y passer la nuit dans une des trois chambres d’hôtes d’exception. La seconde est la visite patrimoniale guidée sur les thèmes de l’architecture et du mobilier. Enfin, la troisième est la fréquentation des concerts et des expositions se déroulant dans la grande salle d’honneur du rez-de-chaussée. « J’aime accueillir les gens, sourit Patricia Demangeon. Je veux qu’ils trouvent ici le calme, l’apaisement et la sérénité. » Et tout autour du château, sur les six hectares en terrasse s’épanouissent une roseraie, un verger et un labyrinthe…
  
Maintenant que la restauration du château de Hautségur s’achève, Patricia Demangeon tourne son regard vers une abbaye. Suivre le chemin de Compostelle, en 1980, l’a profondément marqué et elle souhaite désormais prendre soin d’un bâtiment religieux…

  • 06 75 81 52 05
  • www.chateauhautsegur.fr
  
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le pont du diable 003
le pont du diable 003

À ne pas rater : Le Pont du diable - D’une rive à l’autre
  
Dans le paysage de la haute vallée de l’Ardèche, le Pont du diable est incontournable. Au pied de la coulée basaltique sur laquelle se trouve le village de Thueyts, ce pont enjambe l’Ardèche de son élégante arche et ainsi relie deux versants rocheux et abrupts. Bien sûr, sa date de construction est inconnue. La légende qui l’entoure l’est beaucoup moins. Territoire conquis par le diable, le pont accueillait les rencontres furtives et discrètes des amoureux désirant passer sur l’autre rive pour un petit moment d’intimité. Satan ne leur en laissait pas le loisir, il les précipitait dans l’eau de la rivière pour recueillir leur âme ! Bon, aujourd’hui on ne risque plus rien à franchir le pont et même à s’y arrêter un temps pour profiter la beauté de l’eau coulant entre les rochers. Pour admirer le pont depuis les hauteurs de ces rochers, rien de tel que parcourir la via ferrate et la tyrolienne aménagées. Après la visite du Pont du diable, un petit détour par le village de Thueyts s’impose à la découverte de ses fontaines, ses maisons renaissances et ses fresques sur le thème des marchés d’autrefois aux cerises et aux cocons de vers à soie.
  

  • www.sourcesvolcans.com/pont-du-diable
  • www.thueyts.fr
  
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L’église de Niègles - Pèlerinage oublié
  

Destination d’un pèlerinage, la Vierge noire de l’église de Niègles était une étape importante pour les pèlerins sur la route du Puy-en-Velay. La statue originelle fut perdue lors des guerres de Religion et sa réplique est toujours visible dans la vallée, entre les murs de l’église Pont-de-Labeaume, village auquel désormais le hameau de Niègles est rattaché. Son église daterait du XIe siècle pour sa partie la plus ancienne, mais la première mention du prieuré se dressant sur son promontoire rocheux dominant l’Ardèche ne remonte qu’au XIIe siècle. Certes, aujourd’hui l’église romane de cette époque est grandement remaniée mais elle n’en conserve pas moins un charme certain. Au fil des siècles, des chapelles lui ont été adjointes pour accroître la capacité d’accueil des fidèles, et au XVIIe siècle son clocher si caractéristique fut érigé. Tout à côté de l’église un magnifique cyprès s’impose au regard des visiteurs.
  

  • www.patrimoine-ardeche.com/visites/nieigles.htm
  
église de niègles 003
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château de ventadour 003
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château de ventadour 002
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château de ventadour 006
château de ventadour 006

Le château de Ventadour - Une longue renaissance
  

À la confluence de la Fontaulière et de l’Ardèche, le château de Ventadour trône sur son éperon rocheux depuis le XIIe siècle. C’est au tournant du XVIIIe siècle qu’il fut démantelé, sans doute pour éviter de servir de refuge inexpugnable aux protestants après la révocation de l’Édit de Nantes quinze ans plus tôt. Il tomba dans l’oubli ; le temps fit son œuvre et il se dégrada doucement. Il fut vendu comme bien national au moment des heures troubles de la Révolution française et servit de carrière de pierres aux habitants du secteur. Ainsi débuta sa lente agonie jusqu’à ce jour de 1968 où Pierre Pottier le prit en affection. Grâce à la somme qui lui fut attribuée par l’obtention du prix de l’émission télévisée « Chefs d’œuvre en péril », il en fit l’acquisition et débuta sa restauration. Petit à petit les vestiges des murs en pierres furent arrachés à la végétation et ils reprirent de la hauteur. La création d’une association permit l’accueil, depuis 1969, de près 7 000 bénévoles lors des chantiers de jeunesse de l’été. Aujourd’hui ce château a fière allure mais les travaux sont loin d’être achevés. Des visites sont organisées pendant l’été.
  

  • 07 77 03 04 54
  • associationchateauventadour07@gmail.com
  
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La maison du Parc naturel des Monts d’Ardèche - De la ferme au château
   

Le siège du Parc naturel a pris ses aises tout autour et entre les murs du château de Rochemure, ancienne ferme du XVIIIe siècle qui fut, par la suite, aménagée en résidence plutôt cossue. Cette résidence domine le village de Jaujac au pied de son volcan endormi depuis bien longtemps. Outre les expositions permanentes et temporaires animant le lieu, l’intérêt du domaine de Rochemure se situe dans son environnement. La clède, lieu où étaient séchées les châtaignes au feu de bois, les terrasses en pierre sèche où les cultures locales s’épanouissaient, la source du Peschier, où l’eau ferrugineuse colore la terre et la pierre d’une intense couleur orange, et le cratère, du volcan dont l’activité remonte entre douze mille et quarante mille ans, méritent une visite. Mais sans doute le lieu le plus inspirant est la mare aux libellules. Autour de ce point d’eau enchanteur, 25 espèces de libellules dessinent un splendide ballet aérien. Le tout à deux pas du château de Rochemure !
  

  • www.parc-monts-ardeche.fr
maison du parc monts ardèche 004
maison du parc monts ardèche 004
Texte et clichés : Bruno Auboiron