Sophie Courtois

Article paru en mars 2017
Mis en ligne en septembre 2022

Le sourire résolument affiché sur un visage soulignant un regard pétillant de joie et d’énergie,
Sophie Courtois déborde de projets, d’envies et de partages artistiques. Entre deux tisanes, elle se raconte.
 

« Je suis née et j’ai grandi dans le Poitou. Toute petite je rêvais à la chanson, l’écriture, la comédie. Chaque été je prenais un cahier, j’écrivais le titre d’un roman, j’inventais les personnages, mais ça n’allait jamais plus loin. Je faisais la chanteuse devant un miroir et je jouais la comédie avec des copines dans la cave de la maison familiale. Oui, je rêvais.»  Ses parents donnant priorité aux études, la jeune Sophie ne pouvait s’adonner librement à ses passions artistiques, hors des occasions qu’elle se créait. Alors, un peu résignée, elle se destinait à une carrière toute tracée de professeur de lettres. Et c’est à ses dix-huit ans qu’elle eut un sursaut. Elle prit ses premiers cours de théâtre après une première expérience d’improvisation en anglais à la faculté des langues de Poitiers. A la fin de ses études, elle a tout abandonné pour pousser la porte d’une radio nationale. Derrière le micro, elle distillait ses chroniques, peu sérieuses, elle l’avoue, et enregistrait des voix de pub. Ce fut à cette période qu’elle écrivit son premier spectacle. « Les mots me titillaient tout le temps, assure-t-elle, il fallait bien qu’ils sortent. »

Elle quitta Poitiers pour La Rochelle et devint journaliste pour le canal son de Canal Plus dans l’émission « le journal de chez vous ». De la pub au journalisme, elle dut travailler sa voix et une autre forme d’écriture… Encore un pas et elle gagna la capitale en 2001, pour intégrer une chaîne Météo où elle n’était qu’une voix, puis elle réalisa des reportages et enfin l’émission « Santé Saison ». Malgré ces multiples activités dans l’audiovisuel, l’écriture était toujours présente car Sophie participait à des ateliers d’écriture et laissait libre cours à son imagination débordante pour faire naître des nouvelles. « Je m’éclatais dans ma vie parisienne, je ne pensais plus au théâtre, admet-elle. Je ne pensais pas en refaire un jour.» Une petite ombre au tableau toutefois, elle ne se sentait pas tout à fait à sa place en tant que journaliste. Un sentiment confirmé un jour par Jean-Jacques Bernard et Philippe Bertrand, dont elle était assistante, à France Inter. Elle se dirigea vers la chaîne Disney Junior pour devenir sa voix. Aujourd’hui encore, elle monte à Paris chaque mois, pour une séance d’enregistrement.

C’était inévitable, Sophie renoua avec le théâtre par l’intermédiaire des matchs d’improvisation. Au fil des mois passés sur les planches, l’envie lui prit de monter un spectacle avec deux amies et ainsi naquit la « Compagnie des Bulles et des Grains », bulles de vie et grains de folie, du nom de ce premier spectacle joué une quinzaine de fois dans les théâtres parisiens. « Monter sur scène était devenu une véritable drogue, pour jouer ce que j’écrivais, sourit Sophie. Ma voie était désormais tracée, c’était une évidence. J’ai un univers qui me démange, j’aime mélanger le réel et l’extraordinaire, j’aime aborder les thèmes de la vie avec humour et décalage. » Dans ces années parisiennes, elle écrivit aussi son premier roman, « L’indépendance du coquillage » paru chez L’Harmattan, qui abordait la vie des trentenaires solitaires en quête d’amour et de couple. Ce texte est devenu la pièce éponyme que Sophie joue aujourd’hui en compagnie de Fanny Corbasson et Laurence Keel.
À l’aube de la quarantaine, Sophie eut une envie irrépressible de campagne, d’air pur et de grands espaces. Elle arriva en 2010 en Ardèche, apportant dans ses bagages la Compagnie des Bulles et des Grains. « La première année de mon arrivée, j’ai un peu travaillé et surtout observé, explique-t-elle. Je me suis vite rendu compte que je devais adapter ma manière de créer à ce nouveau territoire. J’ai rencontré plein de gens talentueux, la conteuse Lisa Baissade, les musiciens Estelle Harbulot et Vincent Brescia pour donner corps à mon envie de travailler, en mélangeant les pratiques artistiques, mais sans jamais négliger les mots qui servent de base à toute création. »

Changement de lieu et de vie oblige, l’univers de Sophie évolua. Après Paris,  il s’est teinté des couleurs de la magie de l’enfance, il s’est métamorphosé en une mosaïque mariant la poésie, l’humour, le fantastique avec tout à la fois un certain réalisme cru. « J’ai besoin de rêver, de créer, d’inventer des mondes. Je suis en ébullition constante, car j’observe beaucoup autour de moi, mais c’est fatigant. »
Entre le travail dans sa compagnie, son investissement dans l’écriture personnelle et les séances d’enregistrement des voies parisiennes, Sophie flirte parfois avec ses limites. Alors le temps de souffler un peu, elle s’installe dans son jardin et respire les mains dans la terre : « C’est un bonheur de vivre ici. Il existe une vraie folie dans cette nature qui nous entoure. Je n’ai plus aucune envie d’aller voir ailleurs et quand je pars, je reviens toujours le plus vite possible, ma maison est mon ancrage fondamental. » Si l’Ardèche est devenu un lieu de vie irremplaçable pour Sophie, il est aussi un formidable lieu de création, même si ce n’est pas le lieu idéal pour vivre de son art. Et c’est pour cette raison, qu’elle s’inscrit pleinement au sein du réseau « Vivants », où se rassemblent les acteurs du spectacle vivant en Ardèche, afin de travailler à l’amélioration de leur quotidien.

Aujourd’hui Sophie se produit dans plusieurs spectacles tournant en Ardèche. Elle assure des ateliers d’écriture, de théâtre et d’autres pratiques encore. Et surtout, elle rêve d’un nouveau spectacle de chansons des années trente… Et nous, on se demande, que serait Sophie sans ses rêves !
 
En savoir plus
sophiecourtois.voix-off.pro
 
Ses créations théâtrales
L’indépendance du coquillage en 2014
Diabolo ment, Au pays des couleurs et Même pas peur en 2013
Les voyages de Bombinette en 2012
Itinérances en 2012
Déambulation Fantastik en 2008
Apparemment pas en 2007
Les sept vilains nains en 2006
Des bulles et des grains en 2005
Tranches de quartier en 1995
Texte : Bruno Auboiron
Clichés : Bruno Auboiron, Erwann Merrien