Olympe de Gouges

Article paru en mars 2016
Mis en ligne en juillet 2022
La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne est un texte juridique français, exigeant la pleine assimilation légale, politique et sociale des femmes, rédigé en septembre 1791 par Olympe de Gouges...
 
Sa vie en filigrane 
Rien ne la prédestinait à un parcours exceptionnel. Fille naturelle d’un aristocrate (Jean-Jacques Lefranc de Caix, marquis de Pompignan) et d’une bourgeoise (Anne Olympe Mouisset) -donc bâtarde à l’époque-, mariée contre son gré à un homme de rang inférieur et dont un fils naîtra de cette courte union, elle vit à Montauban. A la mort de son époux, elle se forge une personnalité grâce à un tempérament bien affirmé. Elle choisit de ne pas se remarier. Elle choisit sa liberté tout comme son nom : Marie Gouze, épouse Aubry, devient Olympe de Gouges. Elle sélectionne aussi ses amants, nombreux… et opte pour la ville où tout est possible : Paris. Olympe s’y installe et mène grand train grâce à la générosité de Jacques Biétrix.

Au début de sa vie parisienne, elle se préoccupe essentiellement de son paraître et de ses admirateurs. Olympe de Gouges est alors décrite comme une belle jeune femme, courtisane à l’instruction inaboutie. Mais elle sait apprendre et faire entendre sa voix. Elle est une des pionnières dans le combat des femmes pour l’égalité et la reconnaissance de leurs droits notamment la liberté de penser, d’aimer, l’égalité d’hériter, de gérer son patrimoine, de prendre part à la vie politique,…. Militante, elle défend les causes de tous les opprimés : femmes, esclaves, faibles, et aussi la cause de l’environnement (déjà !). Elle réclame la reconnaissance des enfants naturels, demande la création d’hospices médicaux, de lieux d’accueil pour les vieillards,… Elle va jusqu’à plaider la cause du roi Louis XVI bien que déçue par sa fuite. Comme lui, elle finit sur l’échafaud. Elle est la première femme après Marie-Antoinette à être guillotinée.

Son œuvre majeure 
Olympe de Gouges s’érige contre les discours qui prônent le maintien de la femme dans une condition de soumission. Elle s’inspire et rejoint la pensée de ceux qui poussent les femmes à réagir, à prendre leur destin en mains comme Choderlos de Laclos en 1783 (L’Education des femmes), de ceux qui  réclament l’égalité des droits notamment le droit de vote (Condorcet en 1787 dans Lettres d’un bourgeois de New Haven). Olympe de Gouges rédige en 1791, une "Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne." * Elle suggère aussi la féminisation des noms de métiers, élabore un contrat social entre l’homme et la femme, se penche sur tous les problèmes de la société. Son esprit est ouvert, observateur, critique. Olympe de Gouges séduit parfois, bouscule et dérange souvent en formulant ses idées novatrices.

Autres créations 
Olympe écrit des pièces de théâtre comme Zamore et Mirza. Certaines sont acceptées en lecture au Théâtre-Français, d’autres refusées et ne seront jamais jouées. Elle écrit aussi des pamphlets politiques comme "Lettre au peuple, un projet d’une caisse patriotique par une citoyenne". Et encore différentes œuvres : les Mémoires de Madame de Valmont (roman), Le Mariage inattendu, L’homme généreux, Le Siècle des grands hommes, ou Molière chez Ninon, Le Couvent, Le Philosophe corrigé ou le Cocu supposé, Le prince philosophe, Esclavage des Noirs, La nécessité du divorce... pour n’en citer que quelques-unes.

Olympe et ses combats
Peut-être trop passionnée, peut-être trop militante, peut-être aussi trop vindicative, elle s’est quelque peu perdue dans ses combats et a peut-être semé la confusion. Mais qu’importe. Son sens de la justice était du bon sens. Femme moderne, trop en avance sur son temps, elle mérite sa place dans l’Histoire et la Littérature.

La liberté et les droits des femmes
Enfin, souvenons-nous que bien des femmes ont participé aux émeutes de la Révolution française comme Charlotte Corday, Manon Roland (les deux seront guillotinées), Etta Palm, Louise de Keralio, Théroigne de Méricourt,… mais leurs espoirs et attentes ont ensuite été anéantis. En effet, le Code Napoléon, en 1804, a inscrit l’inégalité des sexes dans la loi, la femme est devenue juridiquement incapable ! Pourtant, les femmes ont souvent lutté, travaillé, géré alors que le pouvoir était toujours farouchement conservé par les hommes. En France, il a fallu attendre le 23 mars 1944 pour que l’Assemblée constitutive adopte le principe du droit de vote et d’éligibilité aux femmes. Ce n’est qu’en 1965 que la femme peut exercer une profession sans l’autorisation de son mari et en 1986 une circulaire légalise l’emploi du féminin pour les noms de métiers. Et ce n’est qu’en 1990 qu’un arrêt de la Cour de Cassation condamne le viol entre époux. Enfin, voilà à peine dix-sept ans que la loi en faveur de la parité hommes/femmes en politique a été votée.
Au paradis des militantes, Olympe de Gouges doit sourire de ces tardives mais tangibles avancées ! L’aventure continue ici et ailleurs pour une plus grande égalité humaine…

* Il faut attendre 1840 pour que quelques extraits de cette Déclaration soient publiés, et l'intégralité du texte ne l'a été qu'en 1986, par Benoîte Groult.
 
Bibliographie
« Femme, réveille-toi ! ». Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne et autres récits. Olympe de Gouges – Col. Folio - Gallimard
Olympe de Gouges et les droits de la femme par Sophie Mousset – Col. Les marginaux - Ed. le félin - Kiron
Olympe de Gouges : « Non à la discrimination des femmes » par Elsa Solal – Ed. Actes Sud Junior
Olympe de Gouges par Evelyne Morin-Rotureau – Collection histoire d’Elles
La révolte brisée : Femmes dans la Révolution française et l’Empire par Jean-Clément MARTIN – Ed. A. Colin
Olympe de Gouges - Catel &Bocquet - Casterman (2012)

 
Texte : Nathalie Lauber