Le collectif Œil de Terres, créé en 2013 à l’initiative de Henri Pol, rassemble cinq photographes professionnels et deux amateurs, tous unis par la même passion de l’image. Pour ce collectif, il s’agit avant tout d’une histoire d’amitié.
"Plusieurs idées me motivaient à l’origine de ce collectif, et j’en ai parlé en premier aux amis photographes qui m’entouraient, souligne Henri Pol. Travailler ensemble sous le couvert d’une structure est toujours plus facile qu’individuellement pour nos interlocuteurs. Puis cela nous permet d’échanger nos regards sur nos travaux, aussi bien en commun que personnels. Se trouver photographe isolé est un réel handicap en Ardèche comme ailleurs, en zone rurale."
Navigant d’une conception artistique à une conception plus largement informative pour la production de leurs images, les membres du collectif jouent sur cette complémentarité afin de toujours pouvoir répondre positivement quand on leur expose un projet. Nous vivons en immersion totale dans une société de l’image et pour eux, les photographies peuvent sans encombre être artistiques ou informatives ou encore les deux à la fois. L’image peut être bavarde ou plus simplement inciter à la contemplation…
Le collectif est porteur des projets de chacun, partagés ou non.
"Avoir une bonne visibilité n’est jamais simple, poursuit Henri Pol. Nous cherchons des lieux d’exposition à la marge, des endroits dans des villages en extérieur pour du très grand format. Je crois vraiment à la place de la photo dans la rue. Cela peut être éphémère, mais c’est une place qui se justifie pour toucher le plus grand nombre. " Le projet
"Regards sur l’eau" sur lequel le collectif travaille en ce moment, est la traduction des propos d’Henri Pol. Tout a débuté pour ce nouveau projet avec une réflexion et un travail autour du Rhône pour le festival photo de Montélimar. Il sera sans doute possible d’admirer les fruits de l’évolution de cette exposition à Saint-Étienne-de-Fontbellon, dès l’été prochain.
Bien sûr, d’autres projets sont au programme des réflexions du collectif. En plus de la photographie, tous les membres développement des compétences utiles à l’ensemble comme le graphisme, la communication, les relations publiques ou encore l’administratif, ce qui leur ouvre de vastes horizons. Des projets de livres publiés par leur propre maison d’édition associative, des expositions nouvelles…
" Nous sommes arrivés au stade où nous connaissons la voie à suivre, mais où nous nous trouvons devant la porte fermée sans avoir encore trouvé la clef, sourit Henri Pol. Rien n’est simple et il nous faut garder la foi. Notre atout est la maturité de tous, qui nous permet de conserver un certain recul sur ce qui nous arrive ou ne nous arrive pas."
Est-ce que ce serait plus facile en ville ? Rien n’est moins sûr, mais il est légitime de se poser la question. Cinq photographes du collectif vivent en Ardèche, les deux autres à Lyon et à Paris, et ils n’ont aucune envie de s’implanter ailleurs. Alors ils défendent leurs projets d’ici, encore et encore.
"Nous sommes un collectif ayant ses racines en Ardèche, mais nous n’avons pas envie de n’être qu’un collectif ardéchois, insiste Henri Pol. Nous regardons ailleurs. Nous sommes un collectif ouvert que nous aimerions rajeunir et féminiser. Parce que… le regard féminin nous manque." Ouvert certes, mais avec toutefois un certain degré d’exigences dans la maîtrise de la photographie, une envie d’implication forte et un vrai sens du collectif.
"Nous restons très à l’écoute des photographes se plaçant dans la recherche, ceux qui portent leur regard vers le street-art, ceux qui travaillent dans la modernité."
Voici comment se définit la raison d’être du collectif Œil de Terres :
"Notre collectif ouvre en grand tous les chemins, toutes les routes, sans détours, pour rendre ses regards créatifs accessibles au plus grand nombre : expositions, éditions, projections, tirages d’art, communication d’entreprises, presse…" Les thématiques des expositions proposées aujourd’hui sont : nature et environnement, culture et civilisation, architecture et urbanisme, contemporain.
L’exposition
"Regards sur l’eau", dernière-née, se présentera sous la forme de diptyques composés d’une image en couleur mettant en scène l’eau qui nous entoure et d’un regard en noir et blanc. Un diptyque prendra place sur chaque face des cubes grand format, exposés à l’extérieur…
Les membres du collectif :
- Henri Pol, auteur photographe depuis 2005, son regard est avant tout attiré par l’humain, mais il peut se prendre de passion pour un lieu, des objets, une plante. Il est l’auteur de plusieurs expositions.
- Philippe Schaff, photographe de la gastronomie et de l’hôtellerie de luxe, il sait aussi capter l’aventure humaine au creux de la nature et son environnement. Il a reçu le prix Louis Lumière en 1988.
- Franck Nies se passionne pour la nature sauvage de l’Ardèche, celle qu’on ne voit pas au premier coup d’œil.
- Zarn est venu à la photographie de nature par la pêche à la mouche qu’il pratique plusieurs mois par an partout dans le Monde.
- Didier Court est photographe animalier, avant tout. Les félins exercent sur lui une attirance particulière, et depuis plus de quinze ans, il se rend chaque année en Inde à la quête des tigres.
- Pascal Preti est revenu en Ardèche après plus de dix années passées à Paris et à New-York dans l’illustration des magazines de mode. Les couleurs sont sa signature.
- Julian Chabal est tombé tout petit dans la marmite des images et depuis il arpente les concerts et tous lieux possibles de reportages.