Odessa Swing

Article paru en octobre 2016
Mis en ligne en juillet 2022

Il est des alchimies musicales qui fonctionnent immédiatement et qui nous transportent en voyage, au fil des notes et des rythmes. Une soirée en compagnie d’Odessa Swing et son jazz manouche garantit un voyage unique au pays de l’impro.

On l’a maintes fois constaté, les plus belles histoires débutent par une rencontre… et celle d’Estelle Harbulot et Vincent Brescia fut musicale. Ils se sont rencontrés à l’occasion de l’illustration sonore d’une pièce de théâtre. Et…quelques notes égrenées plus tard, ils eurent l’idée d’un groupe de jazz manouche, un style musical festif et flatteur à l’oreille, né lui-aussi d’une rencontre, mais en 1930. Le violoniste Stéphane Grappelli et le guitariste Django Reinhardt formèrent alors un orchestre sans tambour ni trompette comme on dit, un orchestre uniquement composé d’instruments à cordes. Bien sûr, depuis, des instruments à vent se sont immiscés dans l’intimité des cordes, des évolutions bousculèrent la tradition, mais la référence du jazz manouche reste ces ensembles des origines.

Pour revenir à la formation d’Estelle et de Vincent, elle accueille dès le début Éric Baudoin et c’est depuis un peu plus d’une année, que Gilles Fenouil fait désormais partie de l’histoire. Un violon, deux guitares et une contrebasse : ces musiciens sensibles ne sont pas fidèles à la tradition de Grappelli/Reinhardt par un quelconque intégrisme, mais par le hasard des rencontres. Une clarinette ou une trompette pourrait trouver sa place au milieu des cordes, mais cela ne s’est pas encore produit. Un jour peut-être ?

Le premier concert d’Odessa Swing fut donné en janvier 2013. Bien sûr le nom fait référence à la ville d’Ukraine, mais aussi et surtout, au premier morceau joué : Odessa Bulgarish. Quant à la référence au swing, il suffit de tendre l’oreille pour comprendre.
"Nous jouons une musique d’improvisation, explique Vincent. Des valses, de la musique Yiddish, des adaptations de chansons de Brassens, Piaf, des pièces classiques de Bach, Mozart, Grieg et des musiques de l’Est, tout est possible à adapter. Nous choisissons des airs connus pour capter le public et il y  aussi des thèmes que nous voulons faire découvrir." L’équilibre est subtil et ça fonctionne.
Nous sommes à Meyras ce soir- là, et pas un auditeur ne détourne le regard de toute la soirée, des fourmis au bout des pieds et des doigts. Sur scène le thème est tout d’abord exposé au violon ou à la guitare et ensuite à tour de rôle, selon un ordre établi, les musiciens se passent le solo. L’archet du violon se fait léger sur les cordes pendant que les doigts courent sur l’ébène de la touche, rythmes battus sur les cordes des guitares et des doigts qui dansent de cases en cases, et enveloppant le tout de ses rondeurs bonhommes, la contrebasse vibre de toutes ses cordes sous les doigts gambadant. La musique tourne, jamais identique, au feeling. C’est magique. "En jazz manouche, il faut une grande confiance, explique Estelle, car c’est une musique qu’on appréhende, avant tout, à l’oreille. Pour moi qui ai longtemps baigné à haut niveau dans l’univers de la musique classique, le jazz manouche fut une révélation, elle est devenue une richesse de tous les jours."
Choix de vie, envie de passer plus de temps sur scène que sur la route, Odessa Swing se produit principalement en Ardèche. Une quinzaine de dates par an, des concerts, des animations de toutes sortes, de la salle de spectacle à la place du village, de l’auberge rurale au bistrot du coin… "Nous aimons avant tout, jouer et nous trouvons notre plaisir partout, sourit Vincent. Et toujours nous aimons donner le meilleur de nous-mêmes. Nous offrons de la musique vivante, il faut que les spectateurs qui apprécient en profitent." Sans vouloir enfoncé le clou ou décliner un cliché usé, vivre de la musique, n’est pas chose aisée et bien souvent la qualité des musiciens n’y fait malheureusement rien. Alors pour des raisons évidentes, Odessa Swing tourne plus en trio qu’en quartet, alors que pourtant la contrebasse offre un meilleur confort aux musiciens et apporte une plus grande richesse sonore aux auditeurs. En effet, la contrebasse pose les fondations du jazz manouche et libère les guitares. Quant au violon, il plane de toute façon dans les hautes sphères. Et l’ensemble nous transporte vers des contrées musicales dont parfois nous ignorions jusqu’à l’existence !

Nous vous présentons ici, les musiciens
Estelle Harbulot au violon, fut depuis l’enfance bercée aux sonorités de la musique classique et œuvre aujourd’hui dans différentes directions musicales.
Vincent Brescia à la guitare, a côtoyé une multitude de styles, punk, rock, blues, classique, musique électronique… avant de s’immerger totalement dans le jazz manouche.
Éric Baudoin à la guitare, a flirté avec la country, le rock et évolué au coeur d’un big band, avec son banjo.
Gilles Fenouil à la contrebasse. De bassiste de jazz, il est devenu entre autres, contrebassiste de jazz manouche.

Ces quatre musiciens évoluent dans différentes formations, car pour vivre de la musique en Ardèche, il convient de multiplier les expériences. Eh oui !

En savoir plus
Odessa Swing
www.odessa-swing.fr
06 22 02 79 55
Texte et clichés : Bruno Auboiron