En avril 2014, Yannick Doigou, Jean-Yves Ozil, Jean-Luc Terrisse et notre interlocuteur se retrouvaient pour échanger les premières notes. Ils arrivaient tous les quatre d’horizons différents, s’étant croisés dans de nombreuses formations telles que Sakazic, Lulu Berlue, August from the Wood, Bifidus Actif, Mickey Roots… Rapidement, ils donnèrent naissance à un nouveau répertoire né de l’imaginaire et de la sensibilité de chacun. Une alchimie vraiment étonnante à l’écoute de ce répertoire à quatre âmes et huit mains. « Nous créons tout à l’instinct, poursuit Yann. Nous jouons ensemble en toute liberté et quand quelque chose nous parle, nous travaillons à partir de ce petit moment, né sans préméditation. » Si la musique et les arrangements sont l’œuvre de tous, les paroles sont plus le domaine de Jean-Luc Terrisse. Son univers est naïf et lunaire, mais une seconde lecture permet de découvrir des choses plus profondes, plus engagées. « Nos compositions évoluent au fil du temps, affirme Yann. La création est toujours influencée par nos états d’âmes et nos humeurs. C’est finalement une musique en perpétuelle évolution car nous composons à chaque répétition. On se connaît tellement bien musicalement et humainement que ça fonctionne. On se laisse aller jusqu’ à l’improvisation. D’ailleurs au-delà de la scène, ce qui nous motive et nous amuse le plus, c'est bien la création. »
Envoûtante est la musique de Nayi, tendre, accrocheuse parfois, presque entêtante. Mais comment la définir le style, en un mot ? Il faudrait toujours mettre l’art dans des cases prédéfinies, mais là, c’est juste impossible. Alors Yann inventa un nouveau mot : le « grounk », mariage du groove, du rock et du funk. Ouais bon, un nouveau mot mais pas tellement évocateur finalement. « Et oui, il est difficile de qualifier notre musique, reconnaît Yann. On fait ce qui nous plaît et on s’interdit de poser la moindre barrière autour de notre rock teinté de groove et de cuivre. »
Il faudra donc faire avec ces quelques mots bien imparfaits en attendant de découvrir cette musique en live. Et sur scène, après une intro aux accents à peine lyriques, le premier morceau se décline en trois parties, le temps de huit minutes environ de quoi habituer nos oreilles, et notre cerveau aussi, à ces sonorités nouvelles. Sur des paroles très largement en français, s’invitent l’occitan, l’anglais et même le japonais. Vous voyez, la surprise est toujours au rendez-vous ! Les quatre musiciens, vêtus de tee-shirts noirs ponctués de un à quatre points rouges, s’amusent sur scène. « On fait avant tout de la musique pour nous faire plaisir, même si on est tous les quatre des professionnels, nous dit Yann en souriant. Mais dans ce groupe on fait tout nous-même et ce n’est pas simple. » En quête d’un tourneur, d’un label, dans l’espoir, un jour, de trouver la clef pour pénétrer un réseau comme celui de la SMAC 07, Nayi a pour l’instant intégré le collectif "Auto Reverse", rassemblant une dizaine de groupes de la Drôme, de l’Isère et de l’Ardèche, pour partager les expériences et les bons plans, et aussi être dans l’entraide.
Pour découvrir Nayi en marge des concerts, le premier CD douze titres, après un premier de trois, vient de sortir. Il se nomme « À moitié fou », reprenant le titre de leur chanson faisant l’unanimité des spectateurs en tous lieux, celle qui s’impose lors des rappels… encore ! encore ! encore !
Alors, rien que pour notre plaisir à nous aussi…