Article paru en novembre 2017
Mis en ligne en juin 2023
« L’écriture, comme la lecture, si je ne m’amuse pas, je ne fais pas ! » Ainsi parle Michel Lacombe, homme au regard franc qui affiche un beau sourire derrière sa moustache blanchie, alors que nous sommes installés sur la terrasse, face aux mûriers de la cour de sa maison de Bessas. Il écrit depuis son plus jeune âge, sans jamais rien achever. Pourquoi ? Parce qu'une fois l’histoire bien calée dans sa tête, il arrêtait d’écrire, tout simplement. Il est de la génération du Club des Cinq, des livres pour la jeunesse qui lui ont façonné l’imaginaire et le goût de l’aventure écrite. Aujourd’hui, il remercie ses parents qui lui ont mis tous ces livres entre les mains. « J’ai été également fasciné par les petits romans de Pierre Pellot se déroulant au Far West, nous précise-t-il. Dylan Stark, son antihéros, m’a vraiment donné envie d’écrire. »
Il patientera jusqu’à l’âge de quarante ans pour enfin terminer son premier récit. « J’habitais à Bourgoin-Jallieu à l’époque, et je réalisais des recherches historiques pour le plaisir. J’ai accumulé tant de documentations et d’anecdotes, que j’ai réussi à en tirer une fiction. J’ai bien essayé de la faire publier, mais le temps que je trouve comment l'éditer, j’en avais écrit plusieurs autres. » Un premier roman publié en octobre 1999 et voilà qu'aujourd’hui il est en train d’écrire son trente-huitième…
Le monde contemporain ne le fait pas rêver. Il aime les histoires qui s’achèvent bien, car il s’attache à ses personnages et il veut bien les traiter. L’écriture a toujours été sa passion des soirs et des week-ends, car il a toujours travaillé en parallèle. Quand il vivait en Isère, il venait en Ardèche dès qu’il disposait de trois jours. Passionné de préhistoire et d’archéologie, il rejoignait des amis pour fouiller. Un jour, en 1996, à l’issue d’un de ces séjours, il n’est pas reparti. Il fut un temps guide à l’aven de la Forestière avant de s’installer à Bessas. Depuis peu, la retraite s'est imposée et il a désormais, tout son temps pour jouer avec les mots.
Malgré l’image qu’on pourrait lui donner, Michel n’est pas qu’un écrivain du terroir. Même s'il écrit sur le monde rural, sur hier et même avant-hier, il écrit aussi sur la ville, le monde ouvrier. Son imagination sans limite a même donné naissance à deux romans policiers. Quant à son intérêt pour la préhistoire, il l’a poussé à écrire deux romans, l’un se déroulant il y a trente-six mille ans (...) et l’autre quatre mille cinq cents ans. « Je consacre beaucoup de temps aux recherches, pour décrire les lieux je m’appuie sur d’anciens guides touristiques qui reflètent une réalité qui n’est plus, déclare Michel. » Paris, Saint-Étienne, Marseille, les Cévennes, la Camargue, l’Auvergne, le Luberon et bientôt l’Auvergne : ses personnages fréquentent des lieux, des ambiances divers et variés. « Dans mes romans cela m’amuse de changer de région afin de ne pas rester prisonnier de ma garrigue. Alors je recherche des lieux et après, j’écris, mais j’écris vite, parfois deux chapitres par jour. »
Pas de plan établi à l’avance, juste une idée et surtout une énorme envie de traduire en mots, ce que son imagination impose. Michel pratique ce qu’il nomme, l’écriture de la porte ouverte, c’est-à-dire qu’il se laisse embarquer par la vie de ses personnages au fil des mots. Il se met dans la peau de chacun d’eux, du gentil, du traitre, du fourbe, pour les comprendre et surtout bien les décrire. Il joue tout un panel de rôles. « Je m’amuse vraiment quand j’écris. Je ne peux pas être bien ordonné, il faut que l’écriture, comme la lecture, soit une fête. Le jour où ce sera une corvée, j’arrêterai. »
Michel chez lui, écrit dans son bureau qui se trouve être aussi une pièce à vivre. Le bruit ne le dérange pas. Il ne s’est jamais trouvé à cours d’idées, des notes pour d’éventuels futurs romans traînent un peu partout sur des bouts de papier, dans son ordinateur. Il a toujours plusieurs romans en gestation, des débuts jusqu’au moment où le déclic intervient. Alors Michel l’amène jusqu’au mot « fin ». Et il dit en riant : « Et quand il est écrit, c’est plié, je ne reviens pas dessus… Sauf en cas de réédition. »