Michel Delfosse

Article paru en octobre 2015
Mis en ligne en juillet 2022

Originaire de Liège en Belgique, cet artiste vit et œuvre depuis douze ans à Burzet, dans l’atelier même de son ancien professeur, qu’il a investi pleinement. Nous l’avons rencontré à l’occasion de son exposition estivale dans son village d’adoption.

Dès le plus jeune âge, Michel fréquente les ateliers d’artistes ; un grand-père, professeur aux Beaux-Arts, un père qui travaille pour le cinéma... Son chemin est tracé. Il étudie à son tour à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Liège. Il se forme également à la sculpture, à la sérigraphie ainsi qu’à la gravure. Décorateur au Grand Bazar de Liège, peintre restaurateur, enseignant, il travaille aussi à de nombreuses scénographies pour le théâtre et participe à moult expositions de dessins, de sculptures, d’aquarelles, de peintures en Belgique et en France.
Dans les années soixante, René Hauben, qui fut le professeur de Michel à l’École des Beaux-Arts de Liège, prend sa retraite et s’installe en Ardèche, à Burzet. Trente ans après, à sa mort, Michel rachète tout naturellement la maison de son professeur, pour y passer sa propre retraite tout en poursuivant son travail de création. Il vit avec sa femme, là sur les Hauts de Prunaret, au beau milieu des châtaigniers.  « Il ne se passe pas une journée sans que je pense à cet homme qui m’a ouvert les portes de l’art, sourit Michel. C’est souvent avec émotion que je repense à lui. »

En 2011, nous le découvrons en Ardèche lors d’une première exposition à Vals-les-Bains, puis nous le retrouvons, en 2013, avec Martha Kubecka à la galerie de Burzet, aménagée par la commune, signant des peintures abstraites. Aujourd’hui, il investit à nouveau ce même lieu pour présenter des œuvres hautes en couleur, malgré son attirance pour le noir et blanc. Il signe ici une longue série de grandes peintures au format carré, encadrées de façon très aérée. Elles déclinent la thématique de la cheminée, la centrale nucléaire, le volcan. Thématique qui naturellement aurait pu appeler des tons sombres, mais qui ici, invite paradoxalement les couleurs vives. « J’ai été marqué dans mon enfance par le paysage, le long de la Meuse, des usines de sidérurgie sur des kilomètres, des hauts-fourneaux, explique-t-il. Toutes ces lumières rouges, on aurait dit une fête foraine! » Dans chaque tableau, la couleur fume. Et le spectateur interprète librement… Michel n’intitule pas ses œuvres pour ne pas orienter la lecture du tableau. D’ailleurs, il a fait sienne la vision de son ancien professeur, à tel point qu’il l’affiche au milieu de ses œuvres : « La présente exposition n’a pas de catalogue. Un titre n’ajouterait rien aux œuvres présentées. Elles ne racontent rien et leur symbolique est inscrite dans la forme d’une démarche qui n’a d’autre intention que d’habiller un mur. Faites-moi la grâce de regarder sans a priori et merci de votre visite. » Ainsi écrivait René Hauben, en avril 1970.

Donc pour sa dernière collection, il a osé la couleur. Il s’est laissé emporter par elle, malgré lui, semble-t-il dire, par autant d’éclat dans ses peintures. Surpris lui-même, au beau milieu de ses tableaux, dans la galerie d’Art de Burzet, par une telle explosion de couleurs : « Je veux revenir vers le noir et blanc, vers quelque chose de plus dur, de plus profond, de plus centré, des couleurs plus tranquilles, plus douces, avoue-t-il. C’est étonnant cette couleur si forte. C’est un passage. Je me surprends moi-même ! » Après avoir plongé avec ravissement dans ses couleurs, ses périodes de productions artistiques se succédant, ne doutons pas que la prochaine exposition nous donnera peut-être à admirer des œuvres en noir et blanc…

michel delfosse
michel delfosse

Homme discret, Michel Delfosse passe beaucoup de temps dans son atelier. C’est un lieu où il se sent bien, même en hiver quand les conditions de travail deviennent parfois plus délicates. Il peint à plat pour une meilleure maîtrise de sa peinture acrylique. Ses expositions sont malheureusement bien trop rares.
Liège et Gordes (1983), Saint-Raphaël (1984), Les Baux de Provence (1985), Liège (1989), travail scénographique avec Diégo Messina à Liège (1990 à 1993), Liège (1996), château d’Oupeyre (1998), église de Queue du Bois (1999), Soumagne (2000), Gent (2002, Soignies (2003 et 2005), Vals-les-Bains (2011), Burzet (2013 et 2015)… En attendant la prochaine exposition !

Pour en savoir plus :
Michel Delfosse
les Hauts de Prunaret
07450 Burzet
06 66 11 34 84

Témoignage du metteur en scène Diégo Messina : un bel hommage à notre artiste
« Privilégiant les voies de l’onirisme et de l’abstraction, la peinture de Michel Delfosse touche à l’organique et au viscéral. Elle nous plonge dès le premier coup d’œil dans un état d’introspection, de projection intérieure et de recherche d’états d’âme enfouis en nous-mêmes et de moments de vie cachés. La matière, généreusement présente dans toutes ses œuvres, apparaît tantôt dans sa complexité archaïque et tortueuse, tantôt sous une apparence sobre et diaphane… Michel Delfosse est un créateur sensitif pour qui la nature des choses se trouve en elle-même au-delà des apparences. Sa peinture ne se voit pas. Elle s’imagine et se construit dans un rapport vivant de donnant-donnant entre l’artiste et l’acteur-spectateur. Il nous invite ainsi à un voyage allégorique au cœur de nos songes et de nos émois. »

Texte et clichés : Bruno Auboiron