Maire Olivier

Marie olivier nous accueille avec un large sourire sur la terrasse lumineuse de son appartement albenassien. « Je suis née avec un crayon à la main » nous explique-t-elle. Enfant, elle dessinait. Adolescente, elle dessinait également mais avec une pratique artistique qui permettait à son travail de prendre corps entre dessin surréaliste et collages. Puis devenue adulte, elle dessine toujours, des caricatures pour des journaux et les magazines. Enfin la peinture est arrivée, comme une évidence, avec un aspect très archaïque, une peinture où la matière s’impose, que l’on peut, que l’on doit toucher pour la comprendre, car voir ne suffit pas. « Même si j’ai fait les Beaux-Arts, souligne Marie Olivier, je ne suis pas devenue artiste à temps plein pour autant. J’ai exercé le métier d’éducatrice spécialisée. À partir de 1992 et pendant vingt ans, je n’ai jamais cessé de peindre et d’exposer en parallèle de mon métier. J’aime quand les couches de peinture se recouvrent et se grattent pour laisser apparaître l’œuvre du temps sur la toile. La peinture me ramène vers les origines et j’essaie de reproduire l’action du temps sur mes tableaux.»

En 2012, c’est la photographie qui croise le chemin artistique de Marie, mais ce n’est pas une découverte. Elle s’était déjà appliquée à cette pratique, lorsqu’elle était plus jeune. Là, elle travaille à capturer le regard de l’oiseau à l’instant précis où il prend son envol, un instant magique, tellement éphémère. « La photo m’a toujours accompagnée, même quand je la délaissais. Mais depuis un an, j’ai décidé de tourner mon objectif vers les gens pour essayer aussi de capturer ce bref instant où leur regard croise mon objectif juste avant qu’ils se rendent compte que je vais appuyer sur le déclencheur. Un no man's land où ils ne sont plus seuls avec eux et pas encore avec l'autre.» Pour Marie Olivier, la vérité semble se trouver précisément là, dans ce regard échangé brièvement, là où personne ne peut tricher. Un instant plus tard, il est trop tard…

Elle part déambuler dans les rues d’Aubenas, de Berlin, d’Athènes et… d’ailleurs aussi. Elle n’a pas d’idée précise, elle guette ce que la providence va lui offrir à travers le regard des autres. Elle travaille avec respect, car elle aime profondément les gens. Elle ne vole jamais une image. Elle prend le temps d’expliquer son travail et n’exploite pas l’image si la personne n’est pas consentante. Pour l’heure, elle accumule les images mais ne se sent pas prête pour une exposition. « Je suis encore trop nomade pour avoir envie d’accrocher mes photos sur des grilles, explique-t-elle. Je voyage encore, après je verrai. »
En attendant, comme il y a deux ans avec le thème du miroir, Marie Olivier s’implique sans réserve dans l’organisation et le déroulement du sixième Partage Artistique du salon AZ’arts. Pour cette édition, elle a choisi le thème du baiser sur lequel vont travailler les enfants, les personnes handicapées, les personnes âgées, bref toutes les personnes dépendant d’une structure partenaire. Le thème choisi n’impose aucune autre contrainte que celle de la réalisation d’une œuvre collective. « Au départ, les structures étaient perplexes face à ce thème, mais au final alors que l’échéance de l’exposition approche, les personnes référentes de chaque structure, artistes elles aussi, telles Julie Ramel ou Nathalie Jacques sont ravies, nous révèle Marie. C’est un sujet complexe qui a imposé un acte de création à la hauteur du thème. Ce n’est pas un concours, ce n’est pas une histoire d’esthétisme, c’est l’énergie qui s’est développée autour de l’œuvre collective qui est importante. »