Maire-Claude Salomon

Article paru en juin 2015
Mis en ligne en juillet 2022

Céramiste et artiste peintre à Montpezat-sous-Bauzon, Marie-Claude Salomon nous a ouvert les portes de son atelier, et nous invite à découvrir son univers artistique où la lumière occupe une place incontournable.

Ardéchoise née à Privas, Marie-Claude Salomon passe son enfance dans la vallée du Rhône et ses vacances dans la maison familiale paternelle de Thueyts. Devenue jeune enseignante en histoire géographie, elle demande et obtient aisément un poste double avec Albert, son mari savoyard et professeur de lettres, au collège de Montpezat-sous-Bauzon. C’est ainsi qu’en 1967, Marie-Claude s’installe au pied de la montagne dans un hameau baigné de lumière. "Nous avons vécu deux années à Chambéry, se souvient-elle avec un petit sourire, et quand j’arrivais en Ardèche, à partir du Pouzin, je retrouvais la lumière qui m’attirait tant. Il y a chez nous une lumière toute particulière, avec une belle qualité."

En parallèle à sa vie professionnelle et familiale, Marie-Claude s’est toujours beaucoup intéressée à tout ce qui touche à l’art. Elle fréquente assidûment les expositions et à l’occasion d’un congé de formation, elle a même suivi une licence d’arts plastiques. "Je n’ai pas de mémoire, mais je me souviens toujours des tableaux et des musées où je les ai découverts, avoue-t-elle. Je me suis nourrie pendant des années, des œuvres des autres."
Et c’est au seuil de la retraite que Marie-Claude laisse libre cours à sa passion. L’esprit libéré, elle se met à créer, à peindre, à modeler, à sculpter, toujours avec pour fil conducteur… la lumière. "C’est elle qui m’intéresse dans la peinture, mais aussi dans la sculpture, affirme-t-elle. Les sculptures sont faites de lignes, mais aussi de la lumière qui joue sur les surfaces, en souligne les formes."

Notre artiste s’inspire des couleurs dans les fleurs, comment la lumière les modifie, l’aspect étrange  qu'elle apporte en fonction du regard porté sur elles. En très gros plan, les fleurs deviennent animales. Ses petits-enfants l’inspirent beaucoup aussi. Caroline, treize ans, et Thomas, sept ans, sont les sujets d’innombrables photographies prises par Marie-Claude qui aime saisir avant tout le mouvement du corps et l’expression du visage. Certaines de ces images deviennent ensuite des céramiques aux traits plus vivants que nature, comme saisis dans l’instant, croqués sur le vif. Il suffit d'observer la "Petite fille regardant ses Chaussures", une terre cuite émaillée en 2014, et "Caro et Tom", terres cuites patinées façon bronze, assises sur le rebord d’un muret face à la maison…  "En réfléchissant au lien qui existe entre ce que j'aime peindre et ce que j'aime modeler, je crois que c'est le désir de fixer l'instant, le fugitif : le bleu improbable de l'iris dans la lumière du matin, l'expression passagère du visage sous le coup d'une émotion, les lignes éphémères des corps en mouvement, précise-t-elle. Un moyen sans doute de s'approprier ces instants, posséder peut-être, car mes petits-enfants vivent trop loin, au Luxembourg."
Aujourd’hui, abandonnés les poules et les canards en céramique qui connurent pourtant un beau succès, place aux enfants en terre. Marie-Claude délaisse aussi la peinture pour un temps. "En ce domaine, mon inspiration se tarissait, reconnaît-elle. Quand je fais quelque chose, je le fais jusqu’au bout et j’ai le goût du travail minutieux. C’était indispensable pour le type de peinture que je réalisais. Je préfère maintenant me consacrer uniquement à la terre cuite."

Marie-Claude fut l’élève de Berit Hildre, artiste albenassienne reconnue. Elle lui apprit les rudiments du modelage de l’argile. Catherine Potron, céramiste à Joyeuse, lui fit découvrir l’alchimie du monde magique des émaux se transformant au cœur de la flamme. Ensuite, pour nourrir l’émulation artistique par l’échange, depuis six ans, elle accueille dans son atelier d'autres artistes. Enfin, à l’atelier valsois La Barbotine de Marie-France Antoine, elle réalise des nus de grande taille à l’occasion de cours collectifs. Mais c’est au cœur de son propre atelier que réside son actualité. Là, dans le secret de la voûte en pierre d’une ancienne cave, naissent de petits personnages issus du monde du cirque, thème imposé pour la prochaine exposition à l’église romane de Balazuc pour laquelle elle est invitée en compagnie d’Annette Pral, artiste peintre, pendant les mois de juin et juillet. " Nous exposons souvent ensemble, sourit-elle. Ses peintures sont en harmonie avec mes sculptures. Nos œuvres forment un tout ". Dans l’univers feutré de cette église, vous attendent donc une écuyère, œuvre à quatre mains réalisée avec Jean Martin, un des artistes qu'elle accueille, une grimpeuse à la corde, un jongleur en émail rouge, une femme au cerceau, un fou juché sur un globe terrestre, une dompteuse aux chats…

Marie-Claude Salomon
Montpez'Art
Chalias
07560 Montpezat-sous-Bauzon 
06 07 59 38 11
marie-claude.salomon@wanadoo.fr
http://montpezart.fr

Texte et clichés : Bruno Auboiron