Les Fous Sans Blanc

Article paru en septembre 2016
Mis en ligne en juillet 2022
"On ne cherche pas à comprendre ce qu’on fait, on cherche à faire ce qu’on est !" Cette devise des Fous Sans Blanc représente tout à fait ce qu’est cette troupe si peu ordinaire, cette bande de jeunes réunis autour d’une passion : le théâtre.
Une bien belle histoire que celle des Fous Sans Blanc. Une histoire qui dure depuis près de vingt ans et qui n’est pas prêt de s’arrêter. "Je vais continuer longtemps, tant que je pourrai, annonce tout sourire Éric Goria, auteur, metteur en scène et chef d’orchestre de ces comédiens en herbe, tous plus délirants les uns que les autres. Le théâtre qu’ils font ces jeunes, c’est de l’humanité à la pelle, à pleines brassées. C’est bon, c’est beau. Les Fous Sans Blanc, c’est un drôle de truc. C’est ma vie et je ne sais pas ce que je ferai sans eux."

Tout est né en octobre 1996 quand Éric Goria, alors comédien et formateur à l’École Premier Acte de Lyon, débarque au Centre Le Bournot d’Aubenas, pour animer pendant un an un atelier théâtre. Ils sont une vingtaine et ce ne devait être qu’une action ponctuelle. Mais c’était sans compter sur une poignée de jeunes étudiants et lycéens qui voulaient poursuivre l’aventure. Ces jeunes se prirent déjà en main et constituèrent une association "La Compagnie des Fous Sans Blanc". Bien sûr Éric Goria revint sur les lieux, avec enthousiasme et le premier spectacle vit le jour en 1998.
"La tournée estivale est née en allant jouer dans les villages d’où étaient originaires les stagiaires, poursuit Éric. Rien n’était prémédité, tout s’est fait comme ça, naturellement. C’était le fruit du travail d’une année. Le théâtre c’est un prétexte à vivre et travailler ensemble. C’est mon outil. Si j’avais un bateau je ferai le tour de la Sardaigne avec et ils apprendraient les mêmes choses. Mais mon bateau c’est le théâtre."

L’association est ouverte à tous et pas seulement aux jeunes. Sa vie annuelle se déroule en trois temps. Chaque mois des ateliers, le temps d’un week-end, le travail d’apprentissage artistique est axé sur le corps, l’émotion. Ces temps de partage apprennent à chacun la découverte humaine des autres. Le but étant de former un groupe soudé qui tout au long de l’année prend en charge intégralement la vie de l’association, qu’elle soit matérielle, administrative et artistique. Une véritable école de la vie. Après les ateliers, vient le temps du stage au mois de juin. En résidence dans la nature pendant deux semaines, les Fous Sans Blanc finalisent la création annuelle. "Ils réalisent les costumes et le décor et mille choses encore, explique Éric. Ils sont en totale autonomie. J’écris le texte sur mesure pour ne mettre personne en danger sur scène en fonction de ce que chacun sait faire. Je veux qu’ils brillent individuellement et qu’ils fassent briller le groupe. Et c’est fou, ce que j’arrive à faire en un mois avec eux, je ne sais pas si j’arriverai au même résultat avec des comédiens professionnels." Le résultat est là parce que tous ces jeunes font confiance à Éric. Ils savent que ce dernier n’en abusera jamais et que s’il leur demande de faire une chose, c’est qu’ils en sont capables. La confiance est le maître-mot des relations, entre tous. Pendant le stage, le travail est intense et la vie collective prend tout son sens.

Enfin arrive le temps fort de l’année : la tournée de juillet
Pour les spectateurs, la venue des Fous Sans Blanc sur la place du village est attendue et toujours vécue comme un moment de fête, de joie et surtout de partage. Chaque année, à cette période, une vingtaine de villages est visité et au total plus de mille personnes envahissent les gradins mobiles et en descendent, un large sourire affiché sur leur visage. Peu importe le thème du spectacle : pirates, zombies, rêveurs ou cette année, cow-boy et indiens pour non pas un western spaghetti, mais un "western cayette", l’important n’est pas là. Ce qui compte c’est l’énergie, l’enthousiasme, et parfois cette pointe de naïveté qui se dégage de la scène, quand les Fous Sans Blanc entrent dans la lumière. Ils jouent, chantent et dansent. Ils y croient et ils ont raison d’y croire. Ils nous livrent une vision enchanteresse et optimiste du spectacle vivant. "Tous, ils donnent tout ce qu’ils ont, chaque soir, assure Éric. Et je sais que ce sera bien. Leur énergie plaide pour eux. Je les aime et je veux qu’ils soient bien et qu’ils soient applaudis."

Et à l’automne débute une nouvelle saison.
Chaque nouvel arrivant, tout comme les anciens s’implique sans réserve dans la vie de l’association au poste défini en commun : entretien du matériel, communication, préparation de la tournée, création des costumes, des décors... Personne n’est passif, jamais. La présence à tous les ateliers mensuels est obligatoire, de même qu’au stage du mois de juin et à l’intégralité de la tournée. Certes, chez les Fous Sans Blanc, on s’amuse, on délire, mais c’est aussi une affaire sérieuse. Et c’est en partie pour cela aussi, que les Fous sans Blanc depuis dix-huit s’amusent de village en village…
 
En savoir plus 
lesfoussansblanc.org

Les Fous Sans Blanc sont ouverts à tous. Il n’est pas nécessaire de posséder les bases du théâtre pour les rejoindre. Il faut juste avoir envie de s’investir à fond dans la vie collective et la création.

Les Fous Sans Blanc de printemps : L’investissement en temps aux Fous Sans Blanc sur l’année, ne permet pas vraiment aux adultes de s’engager dans cette aventure. Alors pour eux, les plus âgés, l’idée est venue de créer les Fous Sans Blanc de printemps. Cela fonctionne exactement en tout point pareil. Ils se réunissent un vendredi soir par mois, se retrouvent deux week-ends en stage et font une petite tournée de quelques dates au printemps. Cette formule, comme la formule à l’année, est ouverte tous.
"Ce n’est parce que tu es rentré dans l’âge adulte que tu dois oublier ta capacité à rêver et à créer, veut convaincre Éric." La première année de cette nouvelle formule fut un succès. Elle est donc reconduite, sans doute pour longtemps, elle aussi.
Texte et clichés : Bruno Auboiron