La Compagnie des Bulles et des Grains

Une mosaïque artistique, une véritable ruche de partage et de création
La Compagnie des Bulles et des Grains est née à Paris en 2006, sous l’impulsion de Sophie Courtois qui rêvait de remonter sur les planches en parallèle de son travail quotidien pour la radio et la télévision. La compagnie fut baptisée du nom de sa première création : Bulles comme bulles de vie et Grains comme grains de folie. Et voilà une définition qui correspond encore parfaitement à l’esprit des artistes ardéchois aujourd’hui rassemblés autour ici dans cette compagnie. Dans une effervescence créative, se mêlent les pratiques artistiques telles que la danse, la musique, le théâtre, le conte, toujours toutes au service de l’écriture et des mots. Dans cette marmite à idées, chacun verse son écot pour donner naissance à des créations hors normes, souvent difficilement classables, mais destinés à tous les publics. « Quand j’ai déménagé de Paris pour m’installer ici, je ne savais pas ce qu’allait devenir la compagnie, raconte Sophie. Je ne pouvais plus travailler avec des artistes parisiens à cause de la distance et surtout je voulais rencontrer les artistes locaux, alors je l’ai mise en sommeil quelques mois, le temps de voir. » Et elle a vu ! Quelques lectures publiques autour du vin et le voyage de Bombinette plus tard, et la voilà plongée dans le bain de la création ardéchoise.

Le spectacle qui a sans doute marqué la vie de cette jeune compagnie est « Le meunier dans le reflet ». L’idée est née du collectage de la mémoire de Raoul Nougier, le meunier de Saint-Joseph-des-Bancs, qui a permis l’écriture du livre « Moudre le grain, moudre le temps » et ensuite la création du spectacle. « Créer et vivre localement, c’est aussi savoir se pencher sur les richesses patrimoniales et les mettre en lumière, poursuit Sophie. » L’autre spectacle joué en ce moment est le décapant et humoristique « L’indépendance du coquillage ». Ce texte de Sophie, joué en trio avec Fanny Corbasson et Laurence Keel, raconte les déboires de trois trentenaires en quête de l’idéal amoureux et de l’idée d’une vie de couple qui leur échappe… « Nous aimerions donner une suite à ce spectacle avec les mêmes filles, dix ans plus tard, devenues zen et plongées dans la spiritualité. Je vais l’écrire. Les idées me viennent et tout suivra. La création, c’est juste fabuleux, c’est une drogue pour moi, » nous confie Sophie en souriant.

L’implantation de la compagnie dans son environnement local est aussi marquée par son installation sur la commune de Lanas dans des locaux parfaitement adaptés. L’accueil dans ce village fut largement à la hauteur des espérances de Sophie et cela lui a donné l’envie de faire écrire les habitants pour qu’ils jouent leurs propres textes au cœur du village. Pour l’instant la compagnie organise des ateliers nommés « lé Z artistiK ». Ces ateliers d‘écriture, de théâtre, de danse et de comédie musicale sont ouverts à tous. « Au-delà du spectacle vivant, la vie de notre compagnie c’est aussi la transmission et le partage. Dans les ateliers, nous accueillons des jeunes et des adultes et nous essayons de leur donner le goût de la pratique artistique. »

Mais gérer une compagnie qui développe autant d’interventions en tous sens, n’est pas chose aisée. Les deux qualificatifs les mieux adaptés pour résumer ce que ressent Sophie à ce propos est chronophage et énergivore ! Recherche de financements, travail autour de la communication, diffusion des spectacles hors du département pour qu’ils vivent longtemps : voilà le revers de la médaille de la création. « J’ai un métier passionnant à travers la vie de cette compagnie. Et il y a tellement à faire qu’on pourrait ne jamais s’arrêter », conclut-elle.