Dès le printemps prochain, le programme n’est pas encore fixé définitivement, les eaux fortes ou gravures de Jan Goede s’exposeront en différents lieux d’Ardèche et du Gard. Son art est universel, il évoque la nature, mais aussi l’homme à travers la représentation de véhicules des années cinquante et soixante et bientôt les portraits saisis sur le vif. D’une 2cv abandonnée dans un pré et posée contre une haie, à un martin-pêcheur surveillant depuis la berge sa zone de pêche d’un œil attentif, de l’élégance du port d’un arbre majestueux aux traits fins d’un visage expressif, ses thèmes de gravures ne sont pas restrictifs, mais à travers eux, ce qu’il recherche à traduire dans ses œuvres c’est avant tout cette lumière qui anime toute chose. « La lumière est le sujet principal de mes gravures, nous dit-il. Elle donne vie à ce que je représente. Sans elle, tout serait inerte et triste. » Ce graveur atypique, au délicieux accent, est né à deux pas d’Amsterdam. Il a grandi dans l’ombre de Rembrandt, peintre du XVIIe siècle, et ce que l’on sait moins, c’est qu’il était également graveur. « Je suis depuis l’enfance fasciné par la lumière émanant de ses œuvres, poursuit Jan. Il travaillait la gravure en petit format, alors pour m’entrainer je reproduisais les timbres de la collection de mon père. » Devenu adulte, il quitta Amsterdam pour Zurich puis, il y a vingt-six ans, débarqua tout au sud de l’Ardèche, toujours en quête de lumière. Et depuis, presque chaque jour, il part dans la nature et dessine les arbres, les oiseaux, les paysages. Peu de graveurs partent ainsi sur le terrain munis de leurs plaques de cuivre et de leur pointe fine pour dessiner en direct. En effet, pratiquement tous travaillent d’après photographies. Mais pour notre graveur, faire ainsi est tout simplement inenvisageable. « J’ai besoin d’entrer directement en discussion avec la nature. Dessiner d’après une photo nuit à ma créativité. Quand je suis dehors, j’interroge la nature, c’est une sorte de recherche artistique. À travers mon art, je n’exprime pas mes sentiments, mais ce que la nature me donne à voir, ce que j’en perçois.»
Jan part au hasard des chemins ou rejoint un endroit qu’il a déjà repéré. Il s’y rend quand la lumière est idéale, et revient plusieurs fois, le temps d’achever de graver le dessin sur sa plaque de cuivre, et toujours avec la même lumière. C’est vraiment elle qui le guide, à chaque instant. De retour dans son petit atelier de Saint-Sauveur-de-Cruzières, en bordure du ruisseau capricieux dont l’eau souvent en colère a déjà pris ses aises, dans son lieu de travail, il imprime. Son atelier est installé dans l’ancien cinéma du village, et grâce à sa presse manuelle, il transmet par la magie de l’impression à l’encre noire, son dessin du cuivre au papier. Activité de fabrication après la création. De chaque plaque de cuivre naîtront entre vingt et trente exemplaires numérotés d’un même dessin. Ensuite, Jan retourne à la création et au dessin, il repart en quête dans la campagne environnante. « J’aime être dehors, vivre dans la nature. Quand je me trouve en ville, je cherche toujours des arbres et je dessine ceux des parcs. Le dessin, c’est vraiment mon grand truc. » S’il ne se présente pas comme un naturaliste, Jan sait toutefois de quoi il parle, il sait reconnaître les arbres, les oiseaux et leurs habitudes de vie.
Sans vouloir vraiment s’avouer qu’il se lasse un peu de cette nature qu’il chérit, Jan rêve aujourd’hui de travailler à la gravure de portraits. Il est sensible aux expressions des visages. Il souhaite aussi travailler la gravure en plus grand format. Mais quel que soit le nouveau thème qu’il choisira, la lumière et l’espace guideront toujours ses traits. Il ne peut en être autrement. « Dessiner est comme une sorte de drogue pour moi, avoue Jan, je le fais tout le temps. Si je ne dessine pas, j’ai l’impression d’avoir manqué quelque chose. Je n’arrive pas à rester uniquement contemplatif, il faut que je fige ce que je vois. J’ai peur d’oublier. Je suis avec le dessin comme d’autres avec la photo ou un carnet de voyage, le dessin est ma mémoire. » Ainsi Jan exprime avant tout son art pour lui-même, ce qui ne l’empêche pas d’avoir envie et d’aimer le montrer pour le faire découvrir. Alors ne manquez pas ses prochaines expositions dès l’année prochaine !