Françoise Seuzaret-Barry

Article paru en octobre 2017
Mis en ligne en juin 2023
françoise seuzaret barry 002
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Les mots à fleur de sensibilité.
 
Pour un peu Françoise Seuzaret-Barry s’excuserait presque d’écrire et de connaître un certain succès avec ses histoires. Des histoires toujours humaines, sensibles. La timidité au bout des doigts, cette femme volontaire, raconte. Son dernier roman " Au pied du lac Charpal " en témoigne.
 

Françoise Seuzaret-Barry a vécu les dix premières années de sa vie à Jaujac. Au décès de ses parents, elle gagna Nîmes et la maison d’un oncle. Élève plutôt douée en français, Françoise obtenait déjà des félicitations et des encouragements pour ses travaux d’écriture. Interne au lycée à Nîmes, chaque soir, elle écrivait sa journée, la ronde de ses sentiments, ses émotions dans son carnet intime. « J’avais alors une professeure de français, madame Escudié, se souvient-elle. Elle m’a prise sous son aile et me donnait à lire les livres qu’elle achetait pour sa fille, des livres d’Alain Fournier, d’Henri Bosco. La lecture me transportait hors de la réalité et m’a donné envie d’écrire encore plus. »
 
Mais la vie l’a poussée dans d’autres directions. Devenue institutrice dans le Gard, puis en Ardèche, elle suivait son mari, au gré des mutations. De son séjour en coopération en Algérie, sont nées des lettres, comme un feuilleton, qu’elle adressait à sa belle-mère, émerveillée de les lire. Puis dix trop longues années dans l’Oise, vingt autres magnifiques en Lozère. « Là, j’ai redécouvert le rythme des saisons, les fleurs, les parfums de mon enfance, nous déclare Françoise. Mais je ne disposais jamais assez de temps pour écrire. » Ce n’est vraiment qu’une fois à la retraite que son talent d’écrivain a pu enfin s’épanouir. Sa vie lozérienne l’avait tant marquée que ses premiers romans, et même le dernier, avaient ces hautes-terres et leurs habitants pour sujet. Pourtant son tout premier manuscrit, un temps refusé et finalement publié sous le titre « Souffles de vie », évoquait ses années scolaires, une enfance qui a profondément façonné son caractère et son style de vie. Une enfance qui transpire encore dans ses écrits.
 
« Au départ j’étais très timide, très pudique. J’avais toujours peur de choquer. Aujourd’hui ça va mieux, je me lâche un peu plus, mais jamais on ne lira de scène torride sous ma plume. Je garde une certaine retenue de peur de ce que les lecteurs vont penser de moi. » Malgré ou grâce à cette retenue, les personnages de Françoise sont toujours très attachants, vrais. Ils sont humains avec leurs failles et leurs faiblesses. Et même s’ils naissent de l’imaginaire de Françoise, elle-même s’y perd un peu, parfois. « J’ai beaucoup de mal à me détacher de mes personnages une fois le roman achevé et occasionnellement, quand je repasse sur les lieux où se déroulent leurs histoires, je me demande ce qu’ils sont devenus, rigole-t-elle. Alors je me lance : idiote que tu es, tu les as inventés ! » La fiction se confond si aisément avec la réalité, dans les mots de Françoise.
 
L’idée d’un nouveau roman prend son temps pour naître et envahir son imaginaire. Et tout à coup, sans raison précise, l’évidence s’impose et le besoin s’installe, impérieux, de s'installer au calme, devant une feuille et y coucher les premiers mots. « Pour démarrer l’écriture d’une histoire, j’ai besoin d’un début et d’une fin, explique Françoise. Souvent cette dernière évolue, bien sûr. Il me faut aussi parfois une base réelle, un lieu fort pour me guider. J’aime écrire sur les gens, leur donner vie. » Par souci du détail véridique, Françoise est contrainte à réaliser des recherches conséquentes sur les thèmes ou les lieux où vont évoluer ses personnages. Après la vie de ces derniers n’est que pure fiction et c’est beau… Françoise a besoin de calme pour écrire, alors la solitude lui convient parfaitement. Assise à sa table de travail, ou parfois sous les châtaigniers de la source du volcan de Jaujac, là où elle a précieusement conservé sa maison de famille, elle laisse vagabonder son imagination. Un travail tout intérieur qu’elle livre comme un cadeau.
 
Bien sûr, elle ne dévoilera presque rien du roman qu’elle a entrepris d'écrire. Mais elle consent à nous livrer, comme un secret, qu’il se présentera sous la forme de deux histoires parallèles se déroulant à notre époque, une en ville et l’autre à la campagne. Nouveau style, nouveau défi d’écriture ? C’est un fait divers qui cette fois l’a inspirée. Grande passionnée de la vie rurale, elle s’essaie à la ville. Et mis à part l'espoir qu’il soit prêt l’an prochain, nous n’en saurons pas plus. « J’écrirai jusqu’au bout. Si j’arrête, c’est fini pour moi, je n’ai rien d’autre. C’est ma vie et je suis trop sensible. » Sur ces mots elle semble en avoir terminé, mais avant de partir, elle lâche encore : « En tant qu’écrivain j’aimerais bien sûr connaître un peu plus le succès. Oh mais pas pour moi, pour mes enfants. »
 

Bibliographie :
 

« Les hommes du Viaduc », éditions Gabriandre, 2004
« L'Étrangère des Hautes-Terres », éditions Gabriandre, 2006
« Justine, une oubliée de Rieucros », éditions La Mirandole, 2007
Ces trois premiers romans ne sont plus disponibles que chez l’auteur.
 
« Le Jour de Varvatar », éditions Presses du Midi, 2010 (roman sur la communauté arménienne de Pont-d’Aubenas)
« Souffles de vie », édition l'Harmattan, 2010 (autobiographie)
« Le Saute-rigoles », éditions Presses du Midi, 2011 (roman inspiré par un habitant de Jaujac)
« Le Songe de Maria », éditions Presses du Midi, 2012
« L’Institutrice de Grandval », éditions du Mot Passant, 2014
« Les tournées de Clémence, l'épicière », éditions du Mot Passant, 2016
« Au pied du lac de Charpal », éditions du Mot Passant, 2017

Françoise Seuzaret-Barry
501 chemin des Cantarelles,
30430 Saint-Jean-de-Maruéjols-et-Avejan
Texte et clichés : Bruno Auboiron