Alain Turban

Article paru en octobre 2017
Mis en ligne en juin 2023

Chanteur de l’Ardèche.
 
Alain Turban chante depuis très longtemps Montmartre et l’Ardèche méridionale, deux lieux de vie, pour lui, deux sources inépuisables d’inspiration.
 

Il est impensable en quelques lignes résumer la vie d’un artiste tel qu’Alain Turban. Il a connu dans les années quatre-vingt, le succès, la gloire et la vie qui va avec...  Mais il a su garder les pieds sur terre, entre l’Ardèche méridionale et son Montmartre. Cette vie, il l’a parfaitement décrite dans deux livres : « Un taxi dans les étoiles » paru il y a trois ans et « Variétés citron pressé » l’année dernière.
 
Alors intéressons-nous à l’artiste d’aujourd’hui, celui qui nous reçoit avec un généreux et chaleureux sourire, dans sa maison ruomsoise.

Bien sûr, sans hier, Alain Turban ne serait pas ce qu’il est devenu. Son parcours artistique, qui ne fut jamais un long fleuve tranquille, a façonné sa vie quotidienne. Il a côtoyé les artistes les plus célèbres de sa génération,  a vécu mille projets autour de la chanson, a connu avec succès la scène de l’Olympia, a participé aux émissions de radio et télévision présentées par des animateurs vedettes. Et aujourd’hui, la flamme brûle encore, on le lit dans ses yeux. Il chante et chantera jusqu’à son dernier souffle. C’est toute sa vie ! "J’avais besoin d’écrire mon histoire pour la mémoire, pour tourner la page, explique-t-il. Il y a des choses vécues sur lesquelles on ne revient pas. Je suis heureux aujourd’hui. Le bonheur, on se le fabrique tous les jours. Je n’ai pas tout réussi, mais je n’ai aucun regret."
 
Voilà donc quarante années que ce chanteur connaît le succès. Bien sûr, les chansons au hit-parade et au top cinquante sont loin, mais au fil du temps Alain Turban a su transformer l’éphémère d’une mode et d’une saison en un édifice solide. Quarante années de chansons et pas une ride pour bon nombre d’entre elles. « Il faut faire attention à la mode. Elle est comme une vague, on surfe dessus mais on risque beaucoup de disparaître avec, quand elle se retire. » Alain Turban a su profiter des modes successives tout en se forgeant une ligne artistique forte, celle des mots qui riment richement et racontent une histoire, celle des musiques et des arrangements sur lesquels glisse le temps sans les froisser. Bref, vous l'avez compris, la ligne artistique de la belle chanson française.
 
Alain Turban se définit à la fois comme un chanteur ardéchois et un chanteur de Montmartre. Il a chanté ses deux villages, comme il se plait à qualifier ses deux lieux de vie, il en a fait des spectacles, enregistré des CD. Sur le ton de la confidence, il nous lance qu’il referait bien un Olympia d’ici deux ans sur le thème de l’Ardèche, avec ses propres chansons, et aussi des reprises de Jean Ferrat, Yves Paganelli.
 
« Je suis né dans le bistrot de mes parents à Montmartre, à deux pas de la place du Tertre et je suis arrivé pour la première fois en Ardèche à l’âge de dix ans, nous raconte Alain. J’ai tout de suite été séduit par l’exubérance de la nature qui m’impressionnait et me faisait rêver avec ces hautes falaises et la rivière à leurs pieds. Et puis, à Ruoms, je retrouvais l’esprit de clocher de Montmartre... enfin, un peu !» Depuis toujours il partage sa vie entre Montmartre et Ruoms. Il a besoin du premier, mais pas de Paris, nous a t il confié, car il fait bien la distinction, comme du second. « Je ne suis pas né ici, mais je me sens vraiment ardéchois car j’aime profondément ce pays. »
 
Élève moyen en français, Alain Turban remercie son frère, Christian, parolier de nombreux chanteurs, de lui avoir montré la voie. Savoir manier la langue française et y prendre plaisir pour que sonnent les mots. « Je ne chante pas pour chanter, je chante pour dire quelque chose, affirme-t-il. J’ai toujours été quelqu’un de mystique et je me pose beaucoup de questions sur la vie, moi qui ai connu tant de décès dans mon entourage. Oui je crois en la force de l’esprit. Je crois aussi en la force de la nature, et elle est tellement belle ici. » Mais cette voie ne s’est pas dessinée si facilement et avant que la chanson ne l’occupe pleinement, Alain Turban exerça un grand nombre de métiers. Il fut chauffeur de taxi de 1967 à 1973, il véhiculait dans la nuit parisienne des vedettes de la chanson avec lesquelles il tissa ses premiers contacts dans le milieu du show-biz. Il posséda aussi deux magasins de vêtements à Ruoms et à Vallon-Pont-d’Arc et avait repris les rênes de la boite de nuit de Lavilledieu, le Sagitarius pour celles et ceux, pour qui l’évocation de ce nom rappellerait de bons souvenirs !
 
« Je suis réaliste, je ne suis plus depuis longtemps sur le dessus du panier, reconnaît-il modestement. J’ai la chance de toujours beaucoup chanter, de pouvoir monter des spectacles. Et, à l’aube de mes soixante-dix ans, c’est un cadeau. Vieillir en bonne santé est un vrai privilège qu’il ne faut pas gâcher. » Continuer à chanter certes, mais pour le plaisir uniquement. Il veut tout de même s’économiser. Il aimerait prendre le temps d’écrire, un roman peut-être, une pièce de théâtre aussi. Il se reconnaît comme impulsif et donc aime que les choses avancent rapidement. Mais à soixante-dix ans, il semble apaiser désormais. Il parle sereinement d’un avenir qu’il imagine encore longtemps agréable. « J’ai souvent laissé faire le destin et je ne sais pas ce que sera l’avenir. Je suis surpris d’avoir réalisé tout ce chemin et d’être encore là, de chanter encore. Après moi, j’aurais laissé quelques chansons et de cela je suis fier et heureux. »  Il peut.
 

En savoir plus :
 
Alain Turban : www.alainturban.com
 
Deux CD pour l’Ardèche
 

Il y a deux ans, Alain Turban réunissait une quinzaine de chansons composées au fil des années sur l’Ardèche en un CD « Alain Turban chante l’Ardèche, de ton village à mon village… » Il évoque en musique et en mots tout ce que l’Ardèche lui a apporté et lui apporte encore, comme un hommage à cette terre qui l’accueilli enfant. Sur le livret, ces quelques mots : « Vivre ici entre Labeaume et le Pont-d ’Arc, où mes fantômes ont pris leurs marques, c’est à Ruoms, là sous les pierres, que je viens chercher la lumière. »
 

Et cette année, pour les dix ans du festival Aluna, il a composé avec Fabrice Soler, auteur interprète, la chanson « Aluna », que ce dernier a enregistré.
Texte et clichés : Bruno Auboiron