Alain Pinède

En Ardèche, entre la montagne et Aubenas, le rallye de Monte Carlo s’est inscrit dans la mémoire collective de ses habitants. Enfant ou adulte, qui ne s’est pas retrouvé au moins une fois dans sa vie au bord des routes, les pieds dans la neige, pour voir défiler les voitures et admirer l’adresse des pilotes ? Alain Pinède ne fait pas exception. Tout gamin, il montait jusqu’à Saint-Julien-du-Serre à vélo pour être là où il faut être, quand naît la passion du rallye. « C’était une vraie fête au bord des routes, se souvient-il. J’aimais ça, me trouver au milieu de tous ces gens qui connaissaient tout de chaque voiture et de chaque pilote. » Adulte, son attirance ne s’est jamais démentie.
Carrossier de formation, l’automobile et les rallyes accompagnèrent sa vie. Peintre aujourd’hui, et depuis de nombreuses années maintenant, il voue toujours autant une véritable passion pour ce qui roule vite sur les petites routes de la Montagne Ardéchoise. La passion est toujours là, teintée désormais d’une pointe de nostalgie...
Alain Pinède est connu et reconnu pour ses peintures hyper réalistes des paysages ardéchois. Ses pinceaux se sont tournés vers le sport automobile seulement en 2013. À l’occasion d’une exposition prévue au château d’Aubenas, il lui fut demandé de surprendre les ardéchois, les visiteurs. Il n’eut pas besoin de longtemps se creuser la tête pour trouver. Une étincelle jaillit, il nous raconte : « Comme j’aime les voitures de rallye et qu'en ce domaine l'Ardèche rime avec Monte Carlo, je me suis mis à peindre quelques voitures en situation de course. Cela m'est apparue comme une évidence » Ainsi naquit la collection « 50 ans de rallye de Monte Carlo », cinquante tableaux pour cinquante ans, et tous représentant des voitures différentes. Parmi toutes celles qui ont fréquenté les routes des spéciales ardéchoises, Alain Pinède a bien évidemment sélectionné les plus représentatives. Et quand il trouve acquéreur pour une représentation, il réalise une autre peinture du même modèle automobile, mais toujours dans une situation de course du rallye. « Mes tableaux sont uniques donc je dois trouver un autre virage, un autre lieu où elle évolue, une autre approche et ce n’est pas toujours simple », avoue-t-il. 

Comme Alain n’a pu, bien sûr, suivre les cinquante éditions de ce rallye mythique, alors notre peintre travaille toujours d’après photographie, après avoir demandé l’autorisation à l’Automobile Club de Monaco de reproduire les images leur appartenant. Et à ce propos, cette autorisation lui fut accordée sans réserve par la direction de course, après l’envoi des premiers tableaux pour consultation. Ainsi depuis 2013, il fait vivre une collection évolutive de cinquante tableaux d’un format de 55cm x 46cm. « Ce format me convient bien et il me permet de pleinement m’exprimer dans les détails. À l’intérieur de l’habitacle, on pourrait presque reconnaître le pilote et le copilote. Même si la voiture en mouvement est l’élément principal du tableau, je reste très attaché à l’Ardèche et chaque fois que cela est possible, j’élargis un peu le cadre pour introduire un élément caractéristique du paysage de chez nous comme un panneau indicateur, par exemple. »
Pour faire vivre cette collection, Alain Pinède n’épargne pas son temps. Chaque jour, ou presque, il peint cinq à huit heures. Quelques judicieux traits de pinceaux et voilà la neige giclant sous les roues des voitures, les phares éclairant les talus de la route… Comme il l’affirme lui-même, pour garder la main, il faut pratiquer sans relâche. Il prend autant de plaisir à peindre une voiture qu’un paysage et cette collection vivra aussi longtemps qu’il sera capable de tenir un pinceau entre ses doigts. Et puis le monde du rallye étant un repère de passionnés, les rencontres que notre artiste fait à l’occasion des salons et autres manifestations auxquelles il se trouve invité à exposer ses toiles, sont sources d’un enrichissement personnel qu'il estime irremplaçable. « Je peux passer tout autant de temps à parler de voitures, de rallyes, qu’à en peindre, sourit-il. »

En parallèle de la collection de tableaux, il vient, en collaboration avec son épouse Cécile Faure, d’éditer un livre reproduisant tous ses tableaux et racontant l’histoire de la voiture, de son pilote et de son copilote. Fouinant dans les pages jaunis de vieux exemplaires du magazine Échappement, notre peintre s’est fait historien du rallye. De 1958 avec la représentation d’une Dauphine Renault à 2016 et celle d’une Volkswagen Polo, cinquante années de rallye sont compulsées dans les quelques quatre cents pages d’un ouvrage imposant… Et comme notre peintre se montre décidément infatigable, il rêve de réaliser le même travail de peinture, et pourquoi pas d’écriture, sur le thème des 24 heures du Mans !