Alain Galoin

Article paru en novembre 2017
Mis en ligne en juin 2023

Maître verrier.
La transmission pour fil rouge.

L’art du vitrail ne présente plus aucun secret pour le maître verrier Alain Galoin. Président et fondateur de l’association Jeunesse et Arts Médiévaux, il a consacré sa vie à transmettre les valeurs et les techniques du travail du verre de couleur. Son savoir-faire n’a d’égal aujourd’hui que son érudition dans le domaine de l’histoire de l’art permettant à ses élèves d'en tirer le plus grand profit.
 

Ce n’est ni le statut, ni une inscription à la Maison des Artistes ou autre structure reconnue qui fait le professionnel ! L’histoire et le parcours d’Alain Galoin, maître verrier, en sont bien la preuve. Sa maîtrise de l’histoire de l’art et son savoir-faire valent parfois bien mieux qu’une simple inscription administrative.
 
Titulaire du brevet professionnel des métiers d’art option vitrail, il a appris les bases de sa passion chez un maître verrier de l’Oise, il y a bien des années. Une rencontre qui ne fut sans doute pas le fruit du hasard. Nous avons rencontré Alain Galoin, et avec lui nous revenons sur ses décennies passées !
 
L’atelier entièrement vitré en façade donne sur la vallée de l’Ardèche naissante au cœur du village de Barnas. À peine franchi la large porte, c’est un véritable festival de couleurs qui monte à l’assaut de notre regard émerveillé. Et c'est au milieu de cet arc-en-ciel, derrière son établi outils en mains, qu'Alain nous accueille avec un large sourire.
 
Professeur d’histoire de l’art dans l’Oise, il a découvert le vitrail en 1987 à l’occasion d’une activité qu’il développa avec ses élèves de l’époque. Son passage dans l’atelier d’un maître verrier de cette région fut pour lui comme une révélation. Il y revint plus que régulièrement et apprit ainsi les bases d’un métier qu’il allait développer pour le porter proche de la perfection désormais. Des premiers vitraux qu’il réalisait enfant en papier crépon à sa maîtrise des petits verres de couleur, le chemin fut cependant bien long. "Un beau vitrail c’est de la couleur magnifiée par la lumière, peu importe le thème du vitrail, nous assure Alain. Toutefois je suis particulièrement sensible au côté sacré du vitrail religieux. A mon sens, ce dernier possède une dimension que n’a pas le vitrail contemporain. Il existe une véritable interaction entre le vitrail et la lumière au sein d’une église." S’intéresser au vitrail religieux c’est aussi et surtout découvrir les techniques anciennes d’un métier entièrement dédié aux édifices cultuels jusqu’au XVe siècle.
 
Douze ans après son apprentissage, notre artiste développait un autre projet scolaire, car il était toujours professeur menant avec bonheur ses deux activités en parallèle. Avec ses élèves, il restaura deux vitraux de l’église de son village, Vignemont dans l’Oise. Ils sont toujours en place aujourd’hui ! "À l’issue de ces travaux, un élève a exprimé l’envie de toute la classe de poursuivre l’aventure, se remémore Alain, alors nous avons créé l’association "Jeunesse et Arts Médiévaux". Nous avons investi un petit atelier dans la commune, puis nous avons déménagé à Compiègne à l’école des beaux-arts. En contrepartie, j'étais d'accord pour assurer une initiation vitrail aux élèves de cette école."  Devenu chargé de mission pour mettre en place un service pédagogique au château de Compiègne, Alain s’est en même temps pleinement investi dans cette école.
 
L’heure de la retraite en 2006, lui a permis de se consacrer entièrement à l’art du vitrail. Mais comme nul n’est prophète en son pays, quelques désillusions incitèrent Alain à quitter l’Oise avec son association, pour venir s’installer en Ardèche en 2012, sur les conseils d’une amie albenassienne. Barnas l’accueillit à bras ouverts et reconnaissant de cela, Alain réalisa deux vitraux pour l’église du village. Aujourd’hui, il vit heureux entre son vaste atelier -déjà trop petit-, sa maison d’habitation voisine et la clède où il put installer son indispensable bibliothèque. En effet, cet homme, toujours en ébullition passe de son bureau à son établi, et dès son arrivée en Ardèche, il a préparé et soutenu une thèse sur les céramiques grecques dont il s’est fait une spécialité. Et comme l’enseignement est aussi fondamental pour lui que la pratique de l’art du verre, il a immédiatement ouvert son atelier aux néophytes. Ils furent une dizaine à pousser la porte en 2012 et aujourd’hui le double, certains revenant chaque année pour parfaire leurs connaissances. "Mes élèves arrivent avec leur projet que nous adaptons ensemble, précise Alain. Ils sont là pour le loisir, dont beaucoup de femmes d'ailleurs. Pour faire du vitrail, il faut posséder une sensibilité artistique, une grande patience et un minimum de dextérité manuelle. Je les initie à la coupe et au montage du verre, à la soudure et aux finitions. Au bout d’un an, ils sont relativement autonomes."
 
Si transmettre est inscrit dans ses gènes, Alain souhaite aussi partager ses émotions. Les vitraux modernes de l’église de Niègles ou de Mazan-l’Abbaye lui parlent autant que des vitraux plus anciens, ils sont la traduction de sa sensibilité au beau, en lien direct avec l’histoire et l’architecture. "Le travail du vitrail me donne autant de satisfaction manuelle qu’intellectuelle. J’espère être dans mon atelier le plus longtemps possible, jusqu’à la fin de mes jours. Je suis heureux d’avoir apporté ma petite pierre à l’édifice et laissé une trace dans le paysage de l’Oise et maintenant ici, aux châteaux de Montréal, de Hautségur ou dans les églises de Thueyts, Mayres et Barnas. C’est ma vie, conclut-il toujours dans le même et large sourire."

En savoir plus :

Jeunesse et Arts Médiévaux
Alain Galoin
125 route du Bouix
07330 Barnas
www.vitrail-creation-patrimoine.org
Texte et clichés : Bruno Auboiron