La forêt d'Emile Zarbre

Article paru en juillet 2022
Mis en ligne en juillet 2022

Pénétrer la forêt d’Emile Zarbre, c’est pousser la porte d’un espace hors du temps où règnent 
la beauté et la création. Entre les arbres, le jeu, la poésie, l’inspiration, tout le génie humain trouvent une place toute naturelle dans une forêt paradoxalement foisonnante et aérée, 
une forêt basse où l’ombre ne s’oppose pas à la lumière mais l’épouse. 

Entre les gorges de l’Ardèche et Saint-Remèze, sur le plateau calcaire, la forêt d’émile Zarbre accueille principalement des chênes verts sur un sol fortement minéral où poussent les fleurs et une végétation variée. Quelques chênes blancs, des érables de Montpellier, des cades et ce qu’il reste de buis fort heureusement en cours de renaissance : bref une forêt typique du sud calcaire s’étalant sur deux hectares.

Des valeurs fondamentales
« Si cela ne tenait qu’à moi, la forêt ne serait qu’artistique mais l’aspect ludique est finalement important car on peut amener les gens à l’art par les jeux, souligne Caryl Lambert, le fondateur du site en compagnie de Maguy Pautrot. Mais nous n’avons pas de plans, pas de grandes pensées. L’aspect artistique, certains le remarquent, d’autres non, ce n’est pas grave. Nous ne sommes pas militants, nous faisons juste ce que nous savons faire dans un endroit que nous aimons. » Tout au long du chemin, on croise une quarantaine de jeux uniquement fabriqués à base de pierre, de bois et d’un peu de peinture ; des jeux de société laissant la part belle à l’adresse, l’imagination et le plaisir ludique. Quoi de plus naturel qu’un simple et traditionnel jeu de dame dont les pions sont tranchés dans une fine branche et le plateau sculpté sur une souche. Quelle belle valeur présente ce jeu face au même jeu, mais fabriqué en plastique, transporté aux quatre coins du monde avant d’arriver en Ardèche ! 
L’aspect ludique de cette forêt passe aussi par la mise en pratique de nos sens. Dans une petite clairière, les yeux d’un visiteur sont bandés avant qu’il soit conduit auprès d’un arbre qu’il touche, caresse, étreint. Revenu au centre de la clairière et ayant retrouvé la vue, il doit reconnaître son arbre… Un peu plus loin, un cheminement pieds nus permet de ressentir les différents éléments du sol : bois, cailloux, paille, écorce et bien d’autres encore : ça vous chatouille ou ça vous gratouille ? 

Rêver et partager
L’inaction est aussi proposée grâce à des filets sur lesquels il est possible de se coucher les yeux tournés vers le ciel et l’envers des feuilles : une invitation forte à la rêverie et à la contemplation. Et puis, le petit théâtre et son rideau de branchage où chacun peut faire vivre des morceaux de buis métamorphosés en marionnettes avec lesquelles il est aisé d’improviser une petite scène. « Cette forêt est pour nous surtout un lieu de partage où chacun peut découvrir ce à quoi il est sensible, poursuit Caryl. Dans un univers de fantaisie, les joueurs passionnés croisent les contemplatifs rêveurs, c’est bien ainsi. »
Beaucoup de gens ne vont jamais en forêt et pour ceux qui y vont, ils fréquentent majoritairement de grandes allées très larges et n’ont pas l’occasion de toucher les arbres. Aimer la nature c’est la connaître et pour la connaître, il faut la toucher, la sentir comme l’occasion en est donnée ici au plus grand nombre sans ressentir la peur de l’inconnu. Et tout à la fin du sentier, avant que le rêve ne s’estompe, un vieux tronc creux de cèdre reçoit en son sein les vœux écrits déposés par les visiteurs. Seront-ils exaucés ? 

S’Y RENDRE
Depuis Saint-Remèze, au-dessus de Vallon-Pont-d’Arc, suivre la route de Bidon en direction de l’Aven Marzal. 
La Forêt d’Emile Zarbre est juste en face.
A faire, à voir
L’Aven Marzal, la Grotte de la Madeleine, la ferme hélicicole de Saint-Remèze, le musée de la Lavande…
Renseignements : www.emile-zarbre.com 
Pratique
Entrée payante, possibilité de pique-nique et d’animations sur place.

Texte et clichés : Bruno Auboiron